
ques morceaux, du boeuf qui m’etoit mort
dans lès montagnes.
' Vers les dix heures du matin , n6us ïï?
mes halte au pied ¿ ’un groupe de’ roches
granitiques , couvert d’aloès kooker-b oo im
Le lieu n’ayant point d’eau , je m attendois
à m’y repaître d’idées tristes, et ne cornp-
tois guère y trouver un phénomène dont
ï’aspect, nouveau pour moi, me causa une
joie trè s -vive : c’étoit un nid monstrueux
qui occupoit une grande partie d’un grand
et fort aloès, et q u i, composé d’une multitude
de cellules , servoit de retraite à une
quantité immense d’oiseaux de la même
espèce. Déjà plusieurs fois Klaas Baster et
Schoenmaker m’avoiçnt parle de ces constructions
singulières y et jusqu’à ce moment
encore le hasard ne -m’avoit point
mis à portée d’en voir. Je restai long-
tems à examiner celle-ci. À chaque instant,
il en sortqit des volées qqi.se répan-
doient dans la plaine y tandis que d’autres
revenoient portant dans leur- bec les matériaux
nécessaires pour se construire un logement
ou pour réparer le leur. Chaque
couple avoit son nid dans l ’habitation comniune
; c’étoit une vraie république. Nous
connoissons plusieurs espèees d’insectes qui
vivent ainsi dans une même demeure et
qui montrent des habitudes Sociales. I l
est même de ces associations chez certains
quadrupèdes ; mais jusqu’à présént on' n’en
connoissoit point encore chez les oiseaux.
Au reste, j ’ai eu plusieurs fois-lieu d’étu-
dier ceux-ci , et j ’en parlerai ailleurs plus
au long. 3 £-'■ ■
Du tertre àu grand nid , nous allâmes
camper et passer la nuit, cinq lieues plus
lo in , à la, Fontaine - des -. Zèbres. Ce mot
fontaine m’annonçoit de l’eau 3 mais cette
eau étoit si salée qu’aucun de nous ne
Voulut en boire, et si peu abondante qu’on
ne put y faire désaltérer mes boeufs.
La journée suivante fut beaucoup plus
pénible encore, parce que les sables , en
devenant plus fins, devenoient en même teins
plus mobiles. On avoit mis quatorze boeufs
à chaque voiture, on'relayoit d’heure en
heure , et néanmoins les roues enfonçoient.
si. avant, la chaleur étoit si accablante , ils
étoient tellement affoiblis par la fatigue et;
par le manque d’eau et. de nourriture,