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part de ceux qui n’avoieiit pu venir la veille*
De ce nombre étoit le'chef , avec ses deux
femmes. J’étois déjà pour l’une des deux
une anciènne coiinôissance , aussi me fit-
elle beaucoup de* caresses. Elle étoit accompagnée
de deux dè ses enfans, garçon et
fille, âgés de quatre ans et jumeaux. Dans
une couche précédente, elle avoit eu deux
jumeaux encore , qui vivoient ainsi que
ceux-ci , et elle se ilattoit d’en avoir deux
autres à la troisième couche.
Jé fis servir au chef et à ses épouses un
déjeuné hollandois à la manière du Cap ,
c’eSt-a-dire, du bon tabac et de l*eaù de vie:
après quoi il me demandèrent de voir ma
lunette et d’admirer les merveilles qu’ils eh
avoient ouï raconter. Je la plaçai comme la
veille sur son pivôt j mais à peine" avoient-
iis vu un objet qu’ ils me prioient d’en amener
un autre j ne doutant pas, comme je l’ai
dit plus haut, qu’elle n’eût la vertu de les
faire arriver à ma volonté.
Après leur départ, les gens de la' horde
se présentèrent à leur tour et me firent les
mêmes prières ; mais ce jeu étoit bon pour
quelques instans : à force d’être répété, il
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eût fini par m’ennuyer, et ce fut pour éviter
ce dénouement que j ’y renônçai. Cependant
, afin de satisfaire les curieux, je laissai
pendant tout le jour la lunette en place,
mais j ’eus soin d’en confier la garde à l’un
de mes Hottentots, avec la charge d’empêcher
qu’on^y touchât, et qu’on la dérangeât
en rien.
En entrant dans la contrée des Nama-
quois, mon intention étoit sur-tout de vérifier
tout ce qu’on en dit au Cap. Que de
contes n’avois-jë pas entendus faire sur cette
nation ! Que de choses merveilleuses sur
ses moeurs , ses arts , ses trésors, etc. ! Deja
mon lecteur sait à quoi s’en tenir sur ses
prétendues mines d’or et d’argent. Eh bien,
. il en est de ses arts et de ses loix comme' de
ses mines.
L’homme par qui se sont accréditées
toutesr ces fables , est Kolbe. Moi-niême ,
sans aucune notion sur ces peuplades éloignées
et inconnues, j’avois ajouté quelque
foi aux rêveries de cet écrivain. En conséquence
, et à mesure que je pénétrais dans
Tintérieur de l’Afrique et que je visitais les
Hottentots, je cherchois par-tout les vestiges
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