
dresser là mon camp. J’annonçai même à
Pinard que j ’étois résolu à y passèr une
semaine entière.; et pour qu’il n’en doutât
-pas, je renvoyai les attelages d’Engelbrecht.
Pour le coup, il prit son parti ; il continua
sa route , et enfin j ’en fus débarrassé.
Ce que j ’avois conjecturé se vériiiapromp-
tement. A peineeus-jè envoyé quelques-uns,
de mes gens à la découverte de l’eau, qu’ils
revinrent m’annoncer qu’ils en av oient trouvé
en vingt endroits; J’étois campé très-près
des énormes montagnes granitiques, à travers
lesquelles le Kàussi s’etoit ouvert un
passage. En se creusant un lit, le torrent
avoit donné aux rochers mille formes
bisarres, qui amusoiént l’oeil, et qui, lorsque
l’eau étoit abondante , dévoient former
des cascades naturelles d’une grande beauté.
En général, l’emplacement où se trou-
'voit mon camp étoit aride. On y voyoit péu
de pâturages , ou au moins ils ne s’y mort-
troient que par bouquets ; mais il étoit
couvert de hauts mimosas , - fort épais, et
leur ombrage nous devenoit d’autant plus
agréable , que ? depuis la Riyière-des-Elé-«
phans, c’étoient les premiers grands arbres
que nous rencontrions.
Un botaniste auroit fait ici une ample
moisson de plantes différentes , notamment
de plantes grasses dont le pays abondoit ; je
pris les dessins de celles qui me parurent les
plus remarquables, entr’autres, d’unmagnifique
ixia, très-dlevé, dont les fleurs,fort nombreuses
et d’un rouge foncé , récréoient la
vue. Je remarquai eneore d’énormes et hautes
touffes de la grande euphorbe, dont toute
; la plaine étoit parsémée. Les Sauvages se
servent du lait de cette plante pour empoisonner
les flèches dont ils font usage pour
là, chasse du grand gibier. Je youlüs essayer
la propriété vénéneuse de cette plante
; e t , malgré les représentations de, me®
Hottentots , je mis sur ma langue une petite
goutte de son suc laiteux, qui me causa,
pendant plus de deux heures, une cuisson
insupportable. Je coupai suy la plante une
rouelle, que je présentai à mon singe; il fit
en arrière un saut d'effroi , et s’enfuit à
une grande distance, sans plus vouloir se
Tapprocher de, moi,
Jüaas Baster me parla en homme instruit