
entrailles et ses os brisés d ’un mônçeau
de pierres. Après cette cérém onie,'à laquelle
je me fis un devoir de satisfaire
comme eux , ils me quittèrent,* pour aller
porter à leurs camarades la nouvelle de
1 evenementyek moi, affligé dé mon côté,
d avoir ete, quoique très-innocemment ,1a
cause involontaire dé la mort d’un homme,
je renonçai à la chasse que je projettois,
et revins à mon camp.
Bientôt j’eus épuisé ce que les deux cantons
offroient de curieux pour ma collection
j et je n ’eus plus d’autre voeu à faire
que celui d’en sortir au plus vîte^'Mais l’état
ou etoient mes attelages s’y opposoit.
Forcés de se nourrir d’une herbe nouvelle
pour eux, ils etoient devenus de vrais'sque-
lëttes. Jamais je n’allois les visiter , que je
n ’eusse le désespoir dans l’ame. Ceux de
mes gens qui étoiënt préposés à leur gard
e, quand au bout de huit jours je les
faisois relever et lés rappellois au camp,
ne revenoient guère sans m’annoncer qu’il
etoit mort quelques bêtes. Depuis cinq semaines
je séjburnois sur la rivière, dans
l’espoir que nous éporouverions quelque
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pluie qui reverdiroit les herbages \ et pendant
tout ce tems il n’avoit plu qu’une fois :
encore étoit-ce si foiblement, qu’à peine
la poussière en a voit été abattue.
Cependant la saison des grandes chaleurs
venoit de commencer j nous touchions au
mois de novembre j et par-tout la terre
brûlée ne me laissoit plus d’espérance. Mes
Hottentots eux-mèmesne cachoient pas leur
découragement. Pour mo i, plus accoutumé
qu’eux à réfléchir sur l’avenir, et plus
intéressé aux malheurs inévitables qui nous
attendoient, j ’étois çonstërné. De toutes
parts entouré d’obstacles insurmontables,
je voyois arriver le moment où il me se-
roit aussi difficile de regagner le Çap, que
de continuer ma route. En vain je m’oc-
cupois, jour et nuit, des moyens de sortir
d’embarras ; mais, soit que je restasse, soit
que je partisse, je ne voyois que mort et
désolation de toutes parts. Mon courage
succomboit sous ces assauts multipliés.
Plusieurs fois déjà j ’avois remarqué que,
quand le ciel se couVroit autour de moi:,
la rivière, vingt- quatre heures après , aug-
mentoit régulièrement de cinq ou six pou