
ches , et là - dessus je bâtis aussi mon
idyle.
Adieu vallons, côteaux, géranium et
fleurs de toutes les espèces, tapis de verdure,
bords enchantés, douces rêveries, adieu;
nous allons rentrer dans les glaces.
- Pour regagner le Namero, il nous fal-
loit traverser encore une autre chaîne de
montagnes couvertes de neige ; ainsi, en
moins de huit heures de marche, nous
eûmes successivement trois saisons, c’est-à-
çlire , deux hivers partagés par un été f mais
ce changement subit de température nous
donna aussi à tous un enrouement, qui ne
se dissipa que plusieurs jours après notre
retour chez Van der Westhuysen.
Le premier objet que je vis là , en mettant
pied à terre, fût ce maudit Pinard ,
que ma mauvaise fortune m’a voit fait rencontrer
pour mon supplice : j ’eusse donné
tout au monde pour en être débarrassé ;
mais le bourreau vint à moi tout exprès pour
me dire , qu’il s’étoit fait un plaisir de m’attendre.
Mon intention étoit d’accorder à mes
Hôttentots et aux bestiaux que j ’amenois ,
un jour de repos, et dé repartirle lendemain.
Mais la famille Van der Westhuysen.
me représenta qu’ayant des bêtes nouvelles
dont je ne connoissois point encore l ’allure,
je courois quelques risques en les
employant sans épreuves préliminaires. Elle
s’engagea, si je voulois lui promettre de
rester trois jours de plus chez e lle , à me
prêter des relais qui me conduiraient jus-
qu’a la rivière Kaussi ; j ’acceptai, quoique
je m’attendisse à beaucoup d’impatience
contre Pinard , et d’ennui de la part des
buveurs.*
Par mi hasard singulier etimpossible à prévoir,
les choses tournèrent autrement. Pendant
mon absence, Engelbrecht étoit allé
plusieurs fois dans mon camp causer avec
mes Hottentots. Un jour que la conversation
rouloit sur m o i, ils lui parlèrent de
ce divertissement de mon premier voyage,
que dans ma relation j ’ai appel lé la folle
journée, et o ù , pour les distraire d’une
trop forte ration d’eau-de-vie que j ’avois
eu l ’imprudence de.leur donner , j ’imaginai
de les faire danser, en jouant de la
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