
il tomberoit. Je cherchois à le harceler
afin de hâter sa chute ; je voulois lui faire
perdre l’équilibre, et dans ce dessein je
lui jettois de petites pierrés. Tout-à-coup,
commè, s’il eut deviné mon projet, il ramasse
toutes ses forces, s’élance de mon
côté , passe par-dessus ma tête, puis , tombant
a quelques pas de moi, m’échappe comme
un éclair. Malgr.é la rapidité de sa fuite,
il m’eut été facile encore de le tirer; mais son
saut m’avoit tellement surpris et amusé que
je lui iis grâce de la vie. Il n’y eut d’attrape
que niés •-chiens , qui, tout confus dé le
voir échàppér, iie revinrent à moi qu’avèc
une "espèce de honte. ii/
Avec le kainsi, je ne vis , dans toute la
chaîné3 des montagnes, d’autre gibier que
des dàssen ou aàmàns. Néanmoins la race
en est peu nombreuse ; parce que les aigles
et les atitrês oiseaux dë proie , qui habitent
ces montagnes , les empêchent de-se multiplier.
C’est un Spectacle curieux que celui de
la chasse de ces carnivores. Perchés vers
„ la cîme et sur les rochés les plus escarpées
de la chaîne, ils guettent au Ipin le gibier ;
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et leur vue perçante peut le distinguer à
des distances énormes. Apperçoivent-ils un,
de ces damans parmi lés rochers amoncelés
; ils fondent sur lui avec l’impétuosité
de la foudre, l ’enlèvent avant qu’il ait eu le
teins de gagner son trou , et l’emportant dans
leur aire, vont le dévorer ou le livrer au
bec et aux serres de leur famille affamée.
. Pour moi, p’étoit moins à ces petits quadrupèdes
, qu’aux vautours et aux oiseaux
de proie, que j ’en voulois ; toujours occupé
de ma colleption, je me fîattpis de
trouver là une heureuse occasion d ’y ajouter
quelques objets inléressans ou neufs ;
et mon espérance n’étoit point vaine. Mais
comment arriver à portée de ces oiseaux
sans être apperçu par eux ; et quelle possibilité
de les atteindre, s’ils m’apperçe-
voient r Je n’avois donc qu’un spul parti à
prendre , celui de. me tenir blotti dans des
broussailles, près d’un endroit où il y eût
beaucoup de damans ; et là, d’attendre
patiemment que quelqu’un d’eux vînt fondre
sur elles. La ruse me réussit, car c’est
à elle que je dois plusieurs oiseaux de proie
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