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Les giraffes , mâles et femelles , se ressemblent
à l’extérieur pendant leur j eunes-
se.Leurs cornes obtuses se terminent par un
faisceau de longs poils, que la femelle conserve
plus long-tems, que le mâle, qui les
perd lorsqu’il est parvenu à l ’âge de trois ans.
Il en est de même de la robe, qui d’abord
d’une couleur roux-clair, se fonce peu à peu,
à mesure que l’animal grandit, et qui finit
par être brun-fauve chez la femelle, et d’un
brun presque noir chez le mâle. On peut
voir la preuve de ce que je dis ici, dans le
cabinet d’histoire naturelle de Leyde, où
il existe une jeune giraffe d'environ 'sept
pieds de haut ; laquelle a été envoyée par le
gouverneur Tulbach au professeur Allumant,
et que celui-ci a fait monter avec soin .
C ’est à cette différence de couleur dans
les giraffes d’ùn certain âge, qu’on peut, à
quelque distance, distinguer les mâles des
femelles. Au reste, la robe chez tous les deux
varie également pour la distribution et pour
la forme cles tachesjj ’observerai encore que,
quand la femelle devient très-vieille, elle
prend la teinte forcée du mâle.
De près? la femelle se distingue en ou-
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tre par sa taille moins haute et par la bosse
de son avant-tête , moins saillante et moins
prononcée. Elle a , comme la vache, quatre
pis ou mamelons ; e t , si je puis citer ic i
le témoignage des Sauvages, elle porte pendant
douze mois, et n’a jamais qu’un petit
à chaque portée. La gravure de mon premier
voyage qui représente la giraffe mâle
étant défectueuse en ce que la tête de l ’animal
est mal rendu ; 011 ne sera pas fâché
de trouver ici une représentation plus ex-r
acte de cette partie, et sur une plus grande
échelle.
A cinq lieues de nous, du çôté de l ’est,
nous avions une horde de Caminouquois
qui, sans doute avertis de ma présence par
nos feux, vinrent me rendre visite et donner
à ma troupe des leçons d’économie. Ils
se jettèrent en affamés sur ce qui restoit de
ma giraffe, et ramassèrent soigneusement
les os; même jusqu’à ceux que mes gens
avoient jettés après en avoir mangé la moelle,
furent mis par eux à profit. Ils les brisèrent
en morceaux, m’empruntèrent ma
chaudière pour les faire bouillir, et en tirèrent
une quantité incroyable de graisse