
3154' Y O T A » 3B
ges>, je lui fis un cadeau de très-bon tabac I
de Hollande j mais, au lieu d’en donner , I
selon ma coûtume, une certaine quantité, I
je réduisis mon présent à la charge de deux I
pipes, quoique la sienne fût démesurément I
grande. Il le fuma tout aussi-tôt, se recria I
sur sa bonté j et pour faire participer les I
principaux de sa horde à son bonheur , ü I
leur fit passer successivement la pipe.
• Ceux qui ne firent point admis à cette
félicité, paroissoient très-chagrins. Ils as-
piroient de toutes leurs narines la fumée
que laissoient échapper leurs camarades,
et venoient, d’un air suppliant, me présenter
leurs pipes vuides. M o i, décidé,
d ’après mon système^ à ne point céder, je
demandbis des boeufs j mais ils m’offroient
des moutons j enfin, pour ne pas montrer
trop d’empressement à l ’échange, et les dépayser
, j’affectai de n’en plus parler, et
résolus de prendre patience et de les voir
venir.
Cependant, comme dans le nombre des
femmes j ’en voyois qui avoient l ’air de gronder
leurs maris, et de trouver mauvais qu’ils
ne s’arrangeassent pas avec m o i, je crus
£ n A p b. i q v b» 365
que, si je rangeois celles-ci de mon côté ,
je yiendrois plus promptement à bout de
mon marché» Ainsi donc, j ’annonçai que
si l’on vouloit m’apporter du lait dans mon
camp, je payerois chaque terrine aveq un
rang de verroteries long d ’un pied.
Assurément c’étoit-là un prétexte. Je
n’ avois nul besoin de la it, et mes trois va-
t ches m’en fournissoient plus qu’il ne m’en
I falloir pour ma consommation. Néanmoins
I la journée se passa, sans que je fisse affai-
I re. Je crus même pendant quelque tems
I que ma proposition n’auroit aucun succès j
I mais sur le soir , toutes les femmes arrivè-
I rent avec des terrines , et mon camp lut
■ rempli de lait. Je payai très-exactement.
K Elles auroient bien voulu, qu’-au lieu de
■ verroteries, je leur eusse donné de mon bon
K tabac. Mais je tins ferme, et mes refus cons-
I tans opérèrent même si b ien, que l’une d’el-
■ le s , qui avoit apparemment plus d’empire
I sur son mari que les autres, m’assura que
I le lendemain dans la journée elle m’ame-
[ neroit deux beaux boeufs.
Il y eut bal» selon l’usage ; et l’on dansa
I toute la nuit. Lés filles namaquoises sont