
Dans ces hautes montagnes du Camis,
lieu le plus élevé peut - être de toute l’A frique
méridionale , Pair est si vif et si cuisant
que le tempéramment le plus robuste
en est affecté. Soit que je fusse mal disposé
, ou que le froid fût augmenté réellement,
cortime je n’en doutai point, je ne
pouvois plus me réchauffer. Mon dos res-
toit glacé, tandis que le feu près ^duquel
j ’étois accroupi , me brûloit les jambes. Si
par fois , pour dissiper l’engourdissement
que me causoit une attitude si gênante ,
j ’essayois de sortir hors de la cabane , Pair,
oppressant tout-à-coup ma poitrine, *me
eoupoit la respiration ; je haletois ; il me
sembloit que j’allois étouffer, et bientôt je
me voyois obligé de rentrer dans la case.
Il est vrai que là j ’avois à souffrir d’un au*
tre inconvénient 5 celui de la double fumée
que donnoient à la fois et nos tourbes
et la pipe du patron. Mais des deux
maux entre lesquels il me falloit choisir,
celui-ci au moins étoit le plus tolérable 5
et je m’y résignai, en attendant le retour
de mes gens.
Ils revinrent, amenant avec eux sept
boeufs et deux vaches ; qui, joints aux sept
boeufs que j’avois conservés des miens, aux
quatorze que m’ayoit vendus Klaas Baster,
et à ceux que je venois d’acheter au Camis
, me formoient quarante-quatre bêtes
d’attelage. Çe nombre, quoiqu’insuffisant
encore pour completter entièrement celui
dont j ’avois besoin, suffisoit au moins pour
me donner les moyens de continuer mon
voyage 5 et il me laissoit le tems d’attendre
une occasion plus avantageuse et plus
favorable qui me permît de faire mon dernier
achat. Ainsi, sans rester plus long-
tems dans ce climat glacial . je pris congé
de mon vieil hôte, et je regagnai mon
camp, en recueillant sur ma rouie les animaux
que j’avois achetés. Le froid étoit
augmenté encore, puisqu’en beaucoup d’endroits
je trouvai de la glace épaisse de deux
pouces. La neige d’ailleurs nè cessa de tomber
pendant tout le tems que nous fûmes
dans les montagnes ; et quoique je m’attendisse
à souffrir extrêmement de la route ,
néanmoins l’assurance de retrouver bientôt
dans la plaine une atmosphère plus douce y
la joie sur-tout de me voir délivré de ces
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