
emporter avec lui une - charge du produit
de mes chasses. Ces cadeaux, qui n’étoient
rien pour moi et beaucoup pour eux, me
faisoieiit des amis dans toutes les hordes,
Tous s’empressoient. de venir me voir , et
tous" m’engageoient à aller chez eux à
mon tour. !
Ces allées et venues, ce spectacle de ces
bons Sauvages qui se livroient à moi par
troupeaux, sans crainte, sans défiance aucune,
me ramenoient toujours à mon caractère
naturel, qui est celui de la douceur, delà tolérance,
de l'amour du repos j et jamais l ’i dée
de conquête et d’empire, qui naît quelque
fois^des obstacles et de la résistance, n’é-
toit plutôt chassée que par la communication
doh.ce et franche de ces hommes
naturels : par - tout où je les renoontrois,
tous leurs efforts tendoient à m’attirer.
Pour m’y déterminer d’une manière plus
puissante, les Grands Namaquois rué dir
soient qu’à deux journées au nord de leur
canton je trouverois beaucoup de giraffes
et de rhinocéros. Jusqu’à ce moment, comme'je
l ’ai déjà dit, je n’avois point encore
vu de giraffes. La partie d’Afrique que j ’avois
parcourue à mon premier voyage n’en
nourrit point j et celle que je venois de
parcourir à mon second n’en a pas davantage,
parce qu’elles ne passent jamais la
Grande - Rivière. Quant aux rhinocéros ,
j ’en avois rencontré deux dans une de mes
chasses, mais n’ayant alors que mon fusil
ordinaire, je m’étois bien gardé de les attaquer.
Depuis long-tems on m’avoit prévenu su,r
les dangers qu’on court en irritant un pareil
ennemi j et 1’expérienc.e m’en a depuis
convaincu plus d’une fois. Parmi les animaux
d’Afrique, l ’éléphant seul est plus
fort que lu i, et il en a peu dont l’attaque soit
plus impétueuse j aussi il n’en est aucun qui
soit aussi dangereux. Le tigre se fait entendre
régulièrement chaque jour, au le ver
et au coucher du soleil $ et en avertissant
ainsi de sa présence, il prévient de
se mettre en garde contre lui. Le lion, dont
l ’habitude est d’attaquer pendant la n u it,
s’annonce par, des rugissemensj et d’ailleurs,
malgré la férocité de ces deux tyrans des
déserts , il suffit d’un grand bruit pour les
effrayer et les faire reculer tous deux. Il