
garer, pendant la nuit, sur une route que
nous ne connoissions-pas, je pris le parti
de coucher à la hoçde,, et nous revînmes
le lendemain matin , en , chassant devant
nous-,$ix. moutons que j ’avois achetés, et
deux .chèvres qui yen oient de mettre bas..
A mon arrivée, j e trouvai un nouveau
sujet de peine. Pinard , profitant de mon
absence, avoit renouvelle-ses. efforts auprès
de mes géns, pour les détacher de
mon service, et déjà il avoit réussi à débaucher
Kîaas Baster et l’un de ses Hottentots.
J e fus indigné de ¡cette perfidie nouvelle;
màis je le fus bien plus encore de
l ’ingratitude et de l'infidélité de ce Baster,
qui> ,s étant engage à moi, étoit à me;s ga-
ë es* Pans mon juste ressentiment, je le fis
venir ; et,sans,lui adresser aucun reproche ,
je lui mis, en main l ’argent dont nous étions
convenus ,^ëtdui dis de se retirer à l’instant,
parce que je 11e voulois plus de ses
services.» >
xG e; Congé l’humilia beaucoup. Swane-
poel profita de ce moiqent de honte pour
lui remontrer sa faute ; et il parla même
avec d autant plus de chaleur , qu’il ¡pouvoit
me rendre un grand service en me te
ramenant, puisque cet homme savoit la lan-i
gne-des différons peuples chez qui nous
allions passer. Bref, la négociation fut si
heureuse, que deux heures après, le Bas-*
ter vint me demander excuse de sa sottise,
me prier de la lui pardonner, et me remettre
mon argent. Pour lui prouver que
j’oublipis tout, je lui fis présent de ce qu’il
avoit reçu. Mais Pinard n ’eut pas plutôt
appris ce dénouement de sa trahison, que,
craignant les justes reproches auxquels il
devoit s’attendre de ma part, il fit atteler
à l ’instant son charriot, et partit sans dire
mot à personne.
Les continuelles sottises de cet homme
imprudent et inconsidéré, étoient pour lui
d’un mauvais présage. Avec une pareille
conduite, sans irienagemens et sans égards,
il ne pouvoit manquer de courir à sa perte
chez des Sauvages, naturellement francs et
bons || mais très-irascibles et terribles dans
leurs vengeances. On se rappelle ce que j ’ai
dit de Pinard. Cet homme n’avoit d’autre
b u t, que de faire fortune dans ses voyages
, et s’inquiétoit fort peu du résultat des