
Enfin, nous arrivâmes au lieu où Jantie
avoit vu le troupeau ; mais depuisle matin
, il s’etoit écarté»: nous l’apperçûmes qui
passoit au lom sur la croupe d’une colline»
J’allois droit aux pâtres, qui nous appri-r
rent, en effet, qu’ils faisoient partie de la
horde de Klaas Baster, et l ’un d’eux s’ofïrit
à me conduire vers lui.
L ’approche d’une troupe comme la mienn
e , étoit faite pour effaroucher la horde.
Je crus, en y arrivant, remarquer quelque
mouvement d’inquiétude et de surprise
; mais je l ’eus bientôt calmée en faisant
arrêter tout mon monde,'et députant vers
elle Klaas avec le pâtre qui nous avoit
accompagne. Je les chargeai de dire de ma
part a Baster que je lui apportois une lettre
du colonel Gordon, notre ami commun; que
j etois, comme lu i, un voyageur curieux de
visiter le pays.
A ce nom de Gordon , les craintes se dissipèrent^
bientôt je vis arriver, avec mon
ambassadeur, un mulâtre de très - bonne
mine, accompagné d’un autre, mais plus
petit et de moindre apparence. Le premier
étoit Klaas Baster , l ’autre se nommoit Pie t.
Ils étoient frères. Tous deux m’abordèrent
avec franchise, et me prirent la main à la
hollandoise. Ils en avoient les façons, et
partaient très-bien cette langue. Je leur
remis la lettre du colonel j mais ici leur
science fut en défaut : ni l ’un ni 1 autre
ne savoitlire. La lettre me fut aussitôt1 rem
due que reçue.
Gordon leur écrivoit de m’obliger en tout
ce qui dépendroit d’eux j mais n’ayant pu
prévoir la détresse où je me trouverais, il
n’avoit pu spécifier la sorte, de service dcint
j ’aurois besoin.'Il me fut très-aise de suppléer
à ce qu’elle ôffroit d’insignifiant. Les
yeux fixés sur le papier, je leur fis la tan-r
gue énumération de mes besoins , et leur
demandai", au nom de Gordon , tout ce
que celui-ci auroit pu réellement réclamer
à tout hasard. 1
Aux moti/v dintérêt, que devoit produire
cette recommandation puissante s
j ’essayai d’en ajouter d’autres encore dans
la conversation. En avançant vers le k raal,
je racontai aux deux frères tout ce que nous
avions éprouvé de désastres, depuis notre
départ de la Rivière-des-Eléphans; le dé-
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