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pérature qui se rapprochent de celle dans
laquelle j ’avois pris naissance. Avec une
pareille susceptibilité , il m’étoit extrême-*
ment pénible d’avoir à subir les frimatsd’un
climat glacial. Je ne sais quel journaliste ,
en parlant de mon premier ouvrage , a dit
que je voyageois en satrape, parce que j ’a-
Vois avec moi trois chariots : certes, si le
critique eût pu me voir dans là cabane du
Garnis, il fut convenu que le satrape n’é-
toit pas toujours à son aise.
Le maître de la case m’avoit prévenu que
plus loin, vers le nord-* ouest, demeuroit
un autre habitant qui, plus riche que lui
en bestiaux, pourroit m’en vendre davantage.
Malgré la répugnance que je me sett-
tois pour entreprendre une nouvelle course
par un tems aussi d u r , je partis. Pendant
toute notre marche, qui fut des plus pénibles
, nous eûmes à essuyer une neige
continuelle. Elle tomboit à gros flocons ,
comme dans les pays les plus septentrionaux
de l ’Europe. G’étoit une grande imprudence
à nous , de nous aventurer ainsi
dans des circonstances pareilles , car la neige,
empêchant de découvrir le sol sur lequel
nous
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nous marchions , nous risquions sans cesse
de nous rompre le cou en tombant avec nos
chevaux ; cependant, par un bonheur sur
lequel nous ne devions pas trop compter
nous arrivâmes sans accident sur une habitation
pitoyable , où nous trouvâmes ,
dans une mauvaise hutte, un vieillard,
avancé én âge qui se chauffoit à un feu de
bouse de va.che, dont il m’invita de m’approcher.
Transi et morfondu, ce fut avec bien du
plaisir que je trouvai à-me réchauffer ;
quoique je ne pusse le'faire que dans une
position très-incommode et accroupi à la
hottentote y la cabane étant trop basse pçur
y rester .debout. .Cloete à ce bienfait de
1 hospitalité, joignit celui de nous présenter
du ¡ p i et du pain, les seules subsistances
qu’il eut en sa disposition. ► Je me 7
contentai du lait, parce que le pain ayant-
été pétri , au moins pour un quart, avec les
égnsures de la meule qui avoit moulu sa
j e ne voulois point user mes dents
a, manger des pierres. Le soir , notre patron
nous régala d’un haamel ‘(mouton gras) !
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