
depuis deux ans qu’ils habitaient le canton,’
ils n’avoient pu encore en prendre que trois.
Ces animaux, disoit-il, étoient trop fin#
pour euxj et il ne doutoit pas qu’avec mes
fusils, dont il avoit entendu raconter les
effets, je n’en eusse autant qu’il me plai-
roit.
Une pareille remarque etoit une prière
indirecte de rendre service à la horde. C’é-
toit pour moi une occasion de me faire des
amis j et quand la detresse où je me trou-
voisne m’en eût p^s imposé la lo i, je l’eus*
se fait encore pour obliger ces pauvres gens.
Mon plan fut de partir dans l ’après-dî-
ner du jour suivant, d’aller passer la nuit
près de la riviere, et le lendemain, de commencer
la chasse dès le crépuscule. J’emmenai
avec moi tous mes chasseurs. Un
détachement de la horde me suivit, avec
quelques boeufs de charge pour porter le
produit de notre chasse , et au point du
jour je mis tout mon monde en activité.
La moitié de là double troupe passa la
fleuve a la nage, tandis que l ’autre moitié
reste de mon cote.' Quand les nageurs furent
arrivés a 1 autre bo,td, ils se partagèrent
en deux bandes, dont l’une remonta
la rivière à une certaine distance, et l ’autre
la descendit. La même chose se fit sur
mon rivage. Les quatre bandes embrassèrent
ainsi trois quarts de lieue de rivière ;
moi seul, je restai en place et au centre
des traqueurs. \-,
A un signal donné, tous a voient ordre
de partir de leur poste, à pas lents, et
de se rendre vers moi ; les uns en polissant
de grands cris, les autres en tirant de
terns en tems des coups de fusil, pour rabattre
et conduire à ma portée les hippopotames
qui se trouveroient dans cet espace
du fleuve. Il s’en rencontra huit. Toutes
les bandes de chasseurs étant réunies au
centre commun, nous n’eu mes plus besoiga
que de patience et d’adresse.
En peu de tems nous en blessâmes plusieurs.
Déjà même deux étaient mis à mort;
et les gens de la ho^rde étoient ravis de joie.
Mais quelques-uns d’entre eux s’étant mis
à la nage, ppur faire échouer à la rive les
deux bêtes mortes , un des nageurs reçut,
des hippopotames blessés, un coup de boutoir
, et un autre eut la cuisse fendue d’un