
Je projet de ce racommodement. Le succès
me parroissoit si facile, que je n’hé*
gitai pas d’offrir ma médiation à l'infortune
Baster, et que je m’avançai même,
jusqu’à pser lui répondre d’un traité de
paix, s’il youloit m’accompagner. Il parut
sensibfe au mptif qui avoit dicté mes offres j
rnais il désespéroit d?adoucir Ja haine de
ses implacables parens, et me demanda,
pour toute grâce, si j ’aypis occasion de
les voir à njon passage, de né point jeu r
parler de lui j et de leur cacher même que
- je l ’avois yu. Quant à la soeur, autant par
le genre de vie qu’,elle ayoit adopté, que
par la tournure dp son humeur, elle me
paroissoit très - heureus e. 3es journées, tant
que je fus auprès d’elle, se dissipoient en
folies,, Elle etoit sut-tout fòrt curieuse, >
Mes chariots et tous mes équipage» l’occu-
poient sans cesse, sans cesse elle les visir
toit j j p n ayois aucun meuble, aucun effet
dont elle ne voulut connoître le nom e t l ’ur
sage, Jl fallut, pour lui plaire, ouvrir et
vider , toutes rqes caisses j plies ne m’eut
pas fait grâce du moindre paquet ni delà
petite bpîte. Enfin, elle ne tarisse«
pas de questions sur mon compte, et souvent
elle m’en faisoit de si naïves et de si
franches qu’elle m’auroit presque rendu
curieux à mon tour. Ma barbe, quoiqu’elle
ne fut pas encore très-grande, l ’offusquoit
Singulièrement, elle y portoit la main sans
façon, m’agaçoit de toutes les maniérés,
et me trouvoit, disoit-elle, plus beau que
le plus beau Hpttentot. Pour e lle , je la
trouvois très-bien pour le pays où nous
étions, et réellement elle étoit la Vénus
de la contrée ; ses habillemens un peu rares
laissoient à découvert unp grande partie
de ses charmes j mais elle n’apportoit pas
plus d’indécence à les montrer, quelle n’eût
mis de pudeur à les cacher. Un homme
moins tempérant n’auroit pu ni faveur a
demander ? ni refus à redouter.
Cependant je trouvois étrange, qu étant
pée d’un blanc, pouvant vivre parmi les
blancs et se faire une habitation comme
son père, elle eut renoncee à un pareil
, avantage. JTe lpi en fa l’objection, et je
'demandai quel motif lui avoit fait preferer
la vie errante des Hottentots, et adopter
pne caste moins considérée que celle OÙ elle