
mes qui pourroient en route se trouver fatiguées
de la marche.
Je dois dire j à l’honneur de celles-ci, que
pendant tout le voyage pas une seule d’entre
elles n’usa de la monture ; que toujours
chantant, sautant, folâtrant, elles mirent
dans la caravane une gaieté continuelle j
et qu’aux jours de souffrance et de détresse
elles donnèrent aux hommes des leçons de
courage.
Il est vrai que, voyageant avec des ressources
et des commodités qû’elles n’avoient
jamais connues, la marché étoit pour elles
une partie de plaisir et une . sorte de fête.
Leur curiosité d’ailleurs s’applaudissoit d’avoir
à parcourir un pays nouveau, où d’ailleurs
elles ne manqueroîent de rien.
Elles étoient onze, femmes ou filles, sans
compter Rachel, femme de Klaas, que j ’em-
menois pour soigner un petit troupeau de
trois vaches, six chèvres et seize moutons,
qui de voient me suivre en cas de disette.
J’avois en outre K ees, quatre chiens et trois
chevaux j car Bernfry joignit son cheval aux
deux miens j enfin, soixante personnes et
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quarante-sept animaux; telle^ étoit ma caravane,
qui partit en hon état et ne revint
point de même. C’est ainsi qu’on marche
à.une bataille..
Dans l ’après-dîné e du jour indiqué pour
le départ, je commençai par faire défiler
les boeufs avec leurs conducteurs. Tous traversèrent,
la rivière à. la nage ; et pendant
çe tems les ballots et les paquets passoient
sur le radeau. Quand tout fut arrivé sur la
rive, on mit les effets à terre ; et les conducteurs
, reconnaissant, à la couleur des
étiquettes , ceux qui alloient leur être confiés
, les rangeoient à part et en formoient
un tas, en attendant le moment de charger.
Pour moi, je résolus de ne partir que le
lendemain matin et de passer encore la nuit
dans mon camp, afin de tout régler et dé
donner mes dernières instructions à Swa-
nepoel. Avec la moitié de mes gens, je lui
laissois, pour sa garde et sa défense, la
moitié de mes armes. Je laissois également
au camp Klaas Baster, qui, pendant mon
absence, pouvoit me servir, en allant dans *
les hordes namaquoises m’acheter des boeufs
d’attelage ; tandis que, de mon côté, je tîat
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