
lis contes à lui faire, de tableaux riaftg
à lui offrir, de belles. solitudes , de beaux
rêves à parcourir ; mais c’est pour cela même
que je poussai si loin la continence. Le
Baster , pour s’éviter l ’embarras du ch oix,
épousa les deux sultanes à la fois. C’étoit-
là peut-être un désordre ; je le permis pour
en éviter de plus grands, et je fus le complice
et le témoin de leurs joies.
A son exemple, plusieurs de mes gens
firent, soit avec Bernfry, soit avec d’autres
femmes, des arfangemens semblables ;
de sorte qu’en peu de jours j ’eus dans mon
camp sept ménages.
Un jour que Bernfry étoit venu me rendre
visite, il me dit qu’en côtoyant la rivière
, non loin de mon camp , il a voit
apperçu un hippopotame femelle q u i, sor-,
tant du bois, sembloit se rendre vers un
zee-koe-gat avec son petit. A la taille du
jeune animal, il le croyoit un nouveau-né,
âgé tout au plus de huit jours. Jusqu’alors
je n’avois point encore vu d'hippopotame
aussi jeune , et l ’enyie d’examiner celui-ci
me fit voler au lieu, suivi de Bernfry et
de quelques - uns de mes chasseurs. Mon.
fempressement étoit te l, et je courois si
étourdiment que je commis une imprudence
dont les suites pouvoient devenir
funestes, ou pour moi ou pour quelqu’un
de mes compagnons. .
Arrivé près de la rivière, et sautant
d’une roche à l ’autre pour me mettre à portée
de mieux voir , j ’apperçus un animal
qui me croisoit ; et sans me donner le teins
de V examiner, je le tirai et fu i cassai la
cuisse.. C’étoit le petit hippopotame lui-
même. Nous Courûmes à lui , pour lui couper
le passage et l ’empêcher de gagner 1 eau. Mais à peine l ’avions - nous joint ,
qu’àr»quelques pas de là , sur les bords de
la rivière, se montra la mère , qui, avec
des . rugissemens» affreux , accourut vers
nous, en ouvrant Une gueule effroyable. '
. Cette apparition subite à laquelle noua
ne. nous attendions point, fit sur nous une
telle impression de terreur que nous
ne songeâmes tous qu’à fuir au plus vite ,
et que chacun même, pour courir plus
lestement, jetta son fusil. Je ne balançai
point à en faire autant du mien, qui étant
déchargé me devenoit inutile pour me dé- R 2