
plusieurs reprises et avec tous les signes de
la jo ie , poes-kop } poes-kop. Etonné de
ces cris, dont je n’entendois point la signification,
j ’en demandai l ’explication au Bas-
ter. Il me répondit, qu’on appelloit poes-
kop ( tête camuse ) , une race particulière
d’éléphans qui ne porte point de défenses ;
que ces elephans étoient infiniment rares,
et que delà venoit les cris de joie et de
surprise qu’avoient poussés mes gens ; qu’enfin,
les poes-kop, quoique privés de l ’arme
qui est propre à tous les autres , étoient
beaucoup, plus redoutés que ceux-ci, parce
qu’ils étoient plus médians.
Lorsque j ’eus bien examiné ces animaux ,
je me convainquis aisément qu’ils, n’étoient
pas d’une espèce différente des autres élé-
phans, comme le prétendoit Klaas *Baster ;
mais bien une simple variété ou jeu de
la nature. Et depuis, j ’ai appris par de
grands chasseurs, que, quoique les poes-
kop soient très-rares, on ne laissoit pas
de t r o u v e r d e teins à autre, de ces animaux
, toujours privés de défenses,, à quelque
vieillesse qu’ils soient parvenus. Celui
que je venois d’abattre n’en o droit pas-la
moindre apparence. Il n’en auroit certainement
jamais eu ; car j ’ai fait observer ailleurs
, que les défenses paroissent déjà
aux élêphans dans leur plus grande jeunesse.
J’ai dans mon cabinet deux de ces
défenses, qui n’ont pas plus de deux pouces
et demie de longueur en tout; et que j ’ai
arrachées à un éléphant qui tetoit encore :
il n’étoit peut-être pas âgé de plus de trois
à quatre mois. Au reste, cette particularité
n’en est une que pour le climat de
l ’Afrique ; mais elle cesse de l’être pour
d’autres contrées ; car, autant il est rare, en
effet, de rencontrer au Cap-de-Bônne-Espé-
rance des éléphans sans défenses, autant il
est rare d’en trouver d’armés à l ’île de Cey-
lan. Ce fait, m’a été attesté par des personnes
qui ont passé trente ans dans cette île et, qui
y ont assisté constamment à toutes les chasses
d’éléphans qui se font à certaines épo-
• ques.Sur cent de ces animaux qu’on y prend,
c ’est un phénomène d’en rencontrer deux
qui soient armés, et encore leurs défensesrm
a pèsent elles pas plus de quinze à vingt livres;
quant aux femelles, jamais celles du pays
dont je parle n’en ont offert seulement là