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des lambeaux, je dressai ma tente tout au*
près démon trésor.-
La dissection de la tête et des sabots me
prit toute la journée du lendemain , parce
que je,ne pus et ne voulus m’y associer que
Klaas. Les sabots me coûtèrent peu de pei-.
ne, mais il n’en fut pas ainsi de la tete.
Pour ce qui regarde celle-ci , d’abord nous
commençâmes par soulever la peau des maTî
choires et des joues, et par enlever les chairs
qui étoient en-dessous, en y substituant
des étouppes pour restituer et conserver les.
formes. Les yeux furent traités à peu près de
même. Après avoir arraché le globe de l ’oeil,
et desséché son orbite avec des cendres,
chaudes, je remplis également d’étouppes
cette cavité, afin de soutenir les paupières».
L ’opération la plus difficile fut l ’extraction
de la cervelle ( la giraffe en a beaucoup),
et je fus même d’autant plus embarrasse
que je n’y voulois ni incision ni fracture..
Enfin, j ’imaginai de l ’imbiber et de l ’epon-
ger , pour ainsi dire, peu à peu. C’est ce que
noue exécutâmes à l’aide d’un fil de fer, que
je garnis, à son extrémité, de poils tire du
Lros de mes Hpttentots ; et q u i, changé
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ainsi en pinceau, fut introduit darts la boëte
osseuse du Ctane. Le crâne vidé; je le remplis
de cendres chaudes. Quant à la partie
antérieure de la tete , depuis les narines
jusqu aux appendices osseux dont j’ai parlé
ailleurs, et qui forment à l ’animal des espèces
de cornes , je n’eus rien à y faire,
parce que n’étant pas charnue , je n’avois
qu’à la dessécher.
De teins en tems je renouvellai les cendres
sur la peau. J’entretins même, pendant
plusieurs jours de suite, de très-grands
feu x , uniquement pour avoir des cendres.
Elles opéroient à la fois par l ’action combinée
de leur vertu dessicative et alkaline,
et ce moyen m’a réussi parfaitement, comme
on peut le voir dans mon cabinet.
Je n’en dirai point autant du sel marin
qu’emploient, en pareilles circonstances,
les colons. Selon moi, saler une peau , c'est
la détruire; et j’ai vu constamment chez
eux ce fait confirmé par l ’expérience. Outre
que le sel n’empêche pas certains insectes
de venir y déposer leurs oeufs et en
attaquer les poils, il y- entretient une certaine
humidité ,• et par conséquent un commencement
de destruction qui ’bientôt s’a-
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