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elles pas dans nos climats méridionaux ; il
n’est pas jusqu’à certaines espèces de volatiles
dont nous ne pourrions peupler nos
basse-cours. A notre honte, la Hollande,
dont le climat est bien moins favorable que
le nôtre, s’est déjà rendu familières beau-
. coup d’espèces qui y croissent et multiplient
comme dans leur pays natal. Indifférens à
tout usage qui ne sanctifie pas le caprice
et la légéreté, on se garderoit bien d’aller
saisir chez un peuple voisin, une institution
respectable, et l’on a bien plutôt fait
de ridiculiser son sang froid,, sa sagesse et sa
prévoyance, que de chercher, à son exemple,
les moyens d’en recueillir des fruits.
J’ai compté, avec autant d’étonnement que
de plaisir, dans les basse - cours des Hol-
landois , pins de virîgt espèces de canards
et d’oies sauvages, qui nous sont inconnues;
ét je les y ai vu se multiplier comme lçs autres
oiseaux domestiques de nos climats.
Dans ce nombre j’admirois cette superbe
espèce de sarcelles de la Chine (1), dont nous
( 1 ) Voyez les planche* enluminées de Buffon,
No. 8oê‘ '
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n avons pas même la dépouille dans nos cabinets
d’histoire naturelle. L’oie de la Chine,
l’oie d’Egypte, l ’oie de Barbarie ; lés
différens canards du Cap de Bonne-Espérance
; la sarcelle de la Caroline et bien
¿autres, ainsi que les hocos d’Amérique,
figurent souvent sur les tables de la Hollande.
Mais comment aurions-nous songé
à des espèces étrangères, nous qui négligeons
Celles de notre propre pays ÇEt non-
seulement Ces animaux prospèrent sur les
marais glacés de la Hollande, mais on en
obtient des métis en croisant leurs races.
Le luxe seul a quelquefois porté chez nous
les riches à tenter, pour leurs plaisirs ,
quelques essais frivoles en ce genre. Les
faisans de la Chine , les paons et les pin-'
tades, qui commençoient • à se multiplier
d’une façon à encourager nos tentatives,
bien loin d’avoir inspiré aucun but d’utilité
et d’abondance, après avoir servi d’ornement
et de parade dans les jardins de
nos oisifs, ont depuis été totalement négligés.
J’ai souvent proposé de parèils essais;
jaurois parcouru la Hollande d’où
j ’aurois rapporté toutes les espèees déjà
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