
aclimatées; j ’y aurois pris toutes les instructions
nécessaires à leur éducation ; je me
serois enfin volontiers établi le précepteur
de ces animaux utiles : mais même pour un
emploi de cette nature il falloit des protecteurs
et l ’appui de tel homme en place ou
de quelques grandes dames , qni trouvoient
probablement fort singulier qu’un homme
voulût sacrifier son teins et imaginât quelque
nouveauté pour le plus grand bien de
son pays. Il est à croire que sous un gouvernement
libre on s’occupera davantage
de l ’utilité publique ; que les voyageurs seront
récompensés ; qu’un pauvre hère, dévoré
de l’amour de la science, ne sera plus
réduit à ruiner sa fortune, pour les menus
plaisirs d’un tas de frelons dévorateurs et
stupides, et qu’enfin les récompenses et les
emplois ne seront pas toujours le partage
de tant de conseillers fameux, mais de celui
qui véritablement a travaillé et fait des
découvertes utiles. Ce n’est pas de cela
seul qu’il s’agit, et je vois pour l’avenir
bien d’autres voeux à former.
Notre route nous obligea à côtoyer les
bords de la Rivière-Verte : la fraîcheur de
e n A f r i q u e . i 33
cette vallée riante , les sinuosités qu’elle
parcourt, les points de vue qui se repro-
duisoient à chaque pas, sous des formes
diverses, remplissoient mon imagination
des plus douces pensées; je foulois ûn tapis
de verdure'et de fleurs ; les coteaux en-
vif onuans, chargés d’arbustes et de plantés
brillantes, offrqîent à nies yeüx autarii
d abris que de bosquets délicieux ; c’étoit
un jardin dans le sein d’un désert.
Parmi ces familles nombreuses defleurs
et dô plantes encore vierges, j ’en remarquai
plusieurs qui étaient magnifiques ; j ’eii
distiriguai une qu’il m’eûtëté difficile d’oublier,
c’est ce géranium dont j ’avois appris
si douloureusement à fonnoître la piqûre
et dont je portais encore les stigmates. J’en
vis beaucoup, les uns à fleurs blanches d’autres
a. fleurs jaunes. Peu;éxerté à l’étude des
fleurs, et toujours plus disposé à les ador
rer qu’à lés flétrir , j ’avois pris d’abord
Celles-ci pour dès espèces différentes ; mais
j ’eûs bientôt1 changé d’idée, lorsque je m’ap-
perçus qu’une même tige portait souvent
a là fois dés fleurs jaunes et des- blan-
I 3