
tromper. Aussi a-t-on soin , tant que le soleil
est sur l’horison, de se tenir près du
réservoir pour les en écarter, et de ne le
laisser libre que quand la nuit ne permet
plus à l’oeil d’y rien discerner-
L ’instinct animal est une qualité occulte
difficile à définir ; il résulte sans doute de
la combinaison des élémens dont tout être
vivant est composé, lesquels répugnent à
tout ce qui n’est pas de leur nature ; mais
ceci même rend .plutôt compte de l’effi*
qu’il n’explique la. cause. L’homme a aussi
son instinct qui l’approche de ce qui est
bon, l’éloigne de ce qui est mauvais. .Mais
l ’homme social le perd bien vite, et souvent
il ne lui donne pas le tems de se développer.
Les Sauvages, au contraire, et tous
les animaux libres, l’exercent et le perfectionnent
sans cesse. Plusieurs fois j’ai trouvé
des bassins empoisonnés avec l’euplior-
be; et quand l’eau étoittranquille, j ’apper-
cevois à sa surface une légère couche luisante
, d’une huile brun-verdâtre, qui étoit
le poison- Or , si ma vue suffisait pour distinguer
ce foible indice, combien ne de-
voitdl pas être sensible pour de« animaux
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qui y presque tous, l’ont si parfaite ! J’aurai
bientôt occasion de revenir sur cette
matière , et je rapporterai même des expériences
qui prouveront que Klaas Baster ,
en me parlant des effets de l’euphorbe , ne
m’avoit point trompé,
Au reste , quoique cette façon de se pourvoir
de gibier; paroisse devoir produire
beaucoup, elle ést cependant bien moins
avantageuse qu’on ne le croiroit; parce que,
si les bêtes qui viennent boire sont trompées
par la vue, elles sont bientôt averties
par le goût, et se retirent. J’avois un
jour, empoisonne une mare d’eau : il y vint ,
dans la j ournée, plus de quatre mille gazelles
f spring-bockj y et néanmoins je n’en eus
que trois, .»avec une hienne qüe j ’y trouvai
le lendemain matin, et qui 'étoit morte
dans la nuit. Une harde de gazelles se rend-
elle ¡au bassin, des premières ou les plus-
»altérées cherchent d abord à s’abreuver;
mais à peiné ont-elles touché l ’eau qu’el-
dés s’en éloignent avec effroi , et la troupe
fuit a l’instant, sans s’approcher du piège
mortel. * . ;
<;Jvh parcourant le lit desséché du K aussi,