
Namero que je voulois traverser. Une pareille
reflexion ne pouvoit que m’inquiéter
beaucoup. Je consultai les donneurs d’avis,,
sur le parti que j ’avois à prendre : « A
« quelque distance d’ici et dans fes mon-
« tagnes , me répondirent-ils, est l ’habita-
« tion de Van der Westhuysen ; envoyez
« vers lui, un homme de votre troupe pour
« lui demander des relais; il peut vous en
« donner, et sûrement il ne vous les re-
« fusera pas ».
Ce nom de Van der Westhuysen fît pâlir
deux frères ; cetoit celui de leur
pere, et il leur annonçoit, comme très-près
cLeux, des dangers qu’ils croyoient éloignes.
Le vieillard de voit être sur les bords
ou à l ’embouchure de la Rivière-Verte où
étoient ses possessions ; mais la sécheresse
excessive et le manque d’eau l ’avoit forcé
de se retirer avec ses bestiaux dans les montagnes,
où il possédoitl encore une autre
habitation. Les deux Basters craignoient,
en m’accompagnant jusques-là, de rencontrer
leurs frères blancs, et de s’exposer à
des- insultes et a des violences nouvelles.
Cette idée les avoit même tellement effrayés,
que, sans songer à leurs engage-,
mens avec moi, sans s’embarasser de ce
que je pourrois devenir, ils prirent le parti
de se retirer à l’instant même, d’emmener
leurs boeufs, et de me laisser dans mon
camp avec mon attelage, mes chariots et
mon monde. Il m’eût été facile de leur
montrer l ’odieux d’un pareil procédé; je
préférai de les rassurer sur leurs craintes,
en leur promettant que je ne logerois point
c^lez^ leurs parens, que je resterois sur
l ’habitation le moins qu’il me seroit possible,
et que , quant à eux , je leur assurerais
l ’incognito, en les tenant cachés dans
mes tentes. Ma promesse les calma. Ils
consentirent à tenir la le u r , et restèrent.
D ’après l ’avis que m’avoieUt donné à la
fontaine les Hottentots, j’envoyai un exprès
à Van der Westhuysen pour obtenir
de lui des relais ; e t , en e ffe t, le lendemain
je reçus les attelages qui m’étoient
nécessaires. Parvenu sur la hauteur , je fis
arrêter et camper à quelque distance de la
ïnaison, ainsi que je l ’avois promis aux
deux Basters ; ils s’arrahgèrent pour rester