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venus. Le moulin dernandoit quatre travailleurs
vigoureux, et lu compagnie, se
relayait tour à ,tour pour cette besogne. Ce-
pendant; le Jeu pétillpit, dans l ’âtre, attendant
un mouton tout entier, tout, frais écorché
>> qui.pendoit à la muraille, et qui de-
voit .former le seul mets de ce laineux re-
pas. Les, bornâmes tir oient .leurs pipes et
connu envoient, à fumer. Pinard, trèsrlil^év
rai d’epu-de-vie quand il en buvoit sa part,
en a voit apporté une, abondante provision»
et la société ne manquait pas de se désaltérer
de tpins en teins,.
Pour .moi , déjà rassasié de tant de féeries
, j ’avois senti mon coeur se soulever à
la vue de ce mouton hideux pendu au mur,
et dont le sang coulo.it encore sur le plancher
p et bientôt la chaleur du fe u , l ’épaisseur
de la fumée des pipes, l ’odeur insup-
portahl^ qu’exhaloit | et la pueur des personnes
occupées an mqu|in» et le corps huileux
des Hottentots , et le tabac des fumeurs,
et cgshaleings empoisonnées d’eau-
de-vie , me portèrent à la tête , et finirent
par me rendre malade. A ces petits incon-
véniens se joignoit le/bruit assourdissant
e n A t r i , q/u e. io 5 ’
du moulin , bruit si affreux que les assis-
tans étoient contraints de crier à tue-tête
pour s entendre. En vain, par égard, je fis
des efforts pour résister à la douleur et ne
point quitter l ’assemblée ; ¿1 fallut céder au
; dégoût : tout tournoit autour de moi 5 j’é-
tois plus ivre qu’aucun des conviés, quoique
je n’eusse encore bu que du lait j je
sortis et retournai à ma tente, où bientôt
l ’air pur et le calme m’eurent rétabli.
Mais ce . qui pourra donner une véritable
idée de cette bachanalle hottentote, c’est
que personne, ne s’apperçut que je man-
quois au dîner.
Le lendemain, lorsqu’on eut appris qu’en
effet j ’avois déserté lâçliement, on me plaignit
d’avoir perdu à dormir une nuit si
agréable \ mais ces regrets étoient mêlés de
railleries et d’une sorte de commisération.
On comparoît ma conduite avec celle du
lieutenant Paterson, Tous se répandoient
en éloges sur ce voyageur , q u i, en leur
prodiguant d’excellent vin de Eordeaux,
, s etoit montre un athlète invincible , soit
qu’il fallut fumer , soit qu’il fallut boire j
et je sentois très-bien que l’admiration qu’a