
leurs traits qu’il fallut les dételer au plus
vite. A peine libres , tous prirent la fuite,
et ils retournèrent au galop vers la horde,
ou l ’on fut obligé de courir pour les ra-
mener,
Déjà, le m a t in lo r sq u ’on les avoit mis
aux voitures, ils s’étoient effarouchés, et
l ’on avoit eu beaucoup de peine à les atte-* 1er. Les suites funestes que pouyoient avoir
ces caprices dangereux m’effrâyoient d’a-
Vance, et ils me rendirent plus douloureuse
encore la perte de mes anciens attelages. À
combien d’accidens alloient m’exposer des
animaux si mal dressés ! Que de craintes 1
que d’inquiétudes nouvelleslHeureusement
j ’en fus quitte pour ce premier jour d’a-
larmes. Ces bêtes, qui me dotiiloielit tant
lieu de craindre pour mes gens et pour mes
chariots, s’apprivoisèrent facilement i elles
firent même fort lestement, dans les trois
journées suivantes, vingt-quatre lieues à
travers les montagnes et par les chemins les
plus affreux, où nous ne trouvâmes qu*une
seule fois de l’eau, qui encore étoit détestable.
Heureusement que nous en eûmes dans
quelques fosses de la rivière de l’Epine-
Noire ( Swarte-Dooim-Rivier), où nous
campâmes le troisième jour dans l ’après-
midi j de très-grands mimosas bordoient la
rivière le long de son cours.
Pendant qu’on dételoit, m’étant avancé
pour examiner le lieu , je v is , avec autant
de joie que de surprise, un chariot que
gardoient quelques Hottentots. Je les accostai
, et leur fis différentes questions sur
la cause qui les amenoit dans ce lieu. Mais
bientôt ils changèrent mon allégresse en inquiétude,
quand ils m’apprirent que le chariot
appartenoit à Piet Pinard, qui les avoit
pris à son service et avec lequel ils venoient
d’arriver. Pinard étoit ce grand chasseur,
ce coureur des bois, dont j ’ai parlé ci-dessus
, et dont il est question dans l’ouvrage
de Paterson. Il avoit voyagé avec le colonel ,
Gordon 5 et au moment de mon départ du
Cap , il étoit venu s’offrir' pour voyager
aussi avec moi. Mais, sur sa réputation,
j’avois refusé ses offres 5 j’en ai dit ailleurs
les motifs , et c’étoit avec un vrai chagrin
que je le rencontrois dans ma route.
Cependant il me rendit un service. Comme
il s’étoit annoncé au Cap pour venir