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possible que nous découvrissions le lieu où
etoit la source.,, et c’est le parti que je
proposai.
En effet, après r six heures d’une marche
très-fatigante, j ’apperçus sur un. tertre
huit hommes qui paroissoieut nous épier
et observer notre arrivée, Nous marchâmes
vers eux : à notre approche, ils s’enfuirent
j mais il y avoit là , dans un enfoncement,
plusieurs huttes, et sans doute
ç ’etoieût les leurs. Une habitation dans un
^pareil désert, dans un lieu qui n’offroit aucun
genre de pâturage, m’annonçoit que ces
gens étoient des Boschjesman. Malgré leur
nombre, nos.armes nous mettant en état de
ne rien craindre d’eux, nous nous rendîmes
aux huttes y notre présence .venoit de
mettre fout le monde en fuite. Nous n’y
trouvâmes que quelques pièces de viandes
sèches et un sac de sauterelles 5 mais nous
vîmes, la source que nous çherçhions avec
tant d’empressement 5 et quoiqu’èlle ne fut
pas abondante, elle suffit, quand nous
l ’eûmes élargie et creusée, à abreuver toute
ma caravane. r
La grande fatigue qu’avoient souffert
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¿les attelages depuis deux jours et le besoin
qu’ils avoient de repos m’obligeoieni
de camper là. D’un autre cô té , j ’avois à
craindre qu’en y passant la nuit, les propriétaires
des huttes ne profitassent de
l’obscurité pour venir m’attaquer et, me.
surprendre. Je me mis en garde contre
leurs insultes par un grand nombre de
feux allumés et par une garde exacte , qui
effectiment les empêchèrent d’approcher j
et le lendemain, au moment de mon dé?
part, je fis faire une décharge générale de
toute mon artillerie , afin de les avertir
que si l ’espoir du pillage les engageoit a
me suivre dans ma route, j ’étois en état
de me défendre et de ne rien craindre.
Cependant, en leur annonçant que je ne
redoutois pas de les avoir^ pour ennemis ,
je me conduisis en,ami avec eux. Je'respectai
les droits sacrés de l’hospitalité, dont je
venois de j ouir à la vérité par ma pleine-puis-
sancej mais en conquérant généreux, non
seulement je défendis qu’on touchât à leurs
petites provisions , je laissai encore dans
la plus apparente des huttes, du tabac,
plusieurs objets de quincaillerie et quel