
fendre. La mère, ayant recouvré son pe-*
t i t , ne chercha point à nous poursuivre,
et rentra paisiblement avec lui dans l’eau.
Sa retraite nous permit d’aller reprendre
nos fusils. Mes chasseurs me dirent que si
je voulois revoir le jeune animal, je pou-
vois l ’attendre sur le rivage, et qu’il ne
manqueroit pas d’y revenir bientôt avec
sa mère, soit parce qu’il étoit encore trop
jeune pour rester long-tems dans l ’e a u ,
soit parce qu’il ne pouvoit y tetter.
Ce projet, d’après ce que nous venions
d’éprouver ,- me paroissoit entraîner trop
de risques. Je crus qu’il étoit moins dangereux
d’aller attaquer cette mère > dans
son élément, et que là , moins à découvert,
elle s'occuperait plus à se cacher et
à nous fuir qu’à nous poursuivre. Mes
conjectures étoient fondées. En moins d’un
quart d’heure , malgré ses ruses et ses menaces
apparentes , elle fut tuée avec son
petit , et mes nageurs les poussèrent tous
deux au rivage.
Je fis portèr dans mon camp le jeune
animal : mon dessein étoit de l’employer à
ma cuisine, si sa chair étoit bonne. Je la
trouvai excellente ; elle tenoit,pour le goût,
du porc et du veau.
Quant à la mère, on l ’écorcha et on la
travailla en place. J’avois donné ordre qu’on
m’apportât une jatte ; je la remplis de son
la it , » qui me parut beaucoup moins désagréable,
que celui de l ’éléphante , et qui le
lendemain se changea presque totalement
en crème. Je lui ai trouvé un goût d’amphibie
et une odeur sauvagine, dont la
première sensation étoit de rebuter. Cependant
, à défaut d’un autre , je m’en
serois accommodé, et j ’avoue même qu’avec
le caffé, il étoit agréable;
L ’éclat de nos feux pendant la n u it , le
bruit de nos armes pendant le jour avoient
averti de notre présence plusieurs hordes
de Grands Namaquois, situées à quelques
lieues de nous, de l ’autre côté de la rivière
; et ils venoient souvent me rendre
visite dans mon camp.
J’avois aussi quelquefois celle de Cami-
nouquois, qui demeuraient plus loin. Tous
me témoignoient de l’amitié ; je les accueil-
lois tous avec le même sentiment; et ja mais
auçun d’eux ne s’en retournoit sans
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