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chève pendant le trajet de là mer, et par
un long séjour dans le vaisseau.
Avant que j ’apportasse en Europe la de*
pouille de la giraffe, il y en étoit arrivée une
en Hollande ; mais ayant été mise dans le
s e l , elle Fut gâtée ; elle ï ’étoit même déjà
avant de partir du Cap. g
Quant au squelette de cet animâl, qui
fait partie du cabinet de la Haye , un écrivain
qui n’est nullement naturaliste, a écrit,
dans le journal de Paris, 2.6 mai 1788, qu’il
y a vu une peau entière avec le squelette du
beau quadrupède auquel elle â appartenu.
Le squelette existe en effet. Mais pour la
jo b e , comme elle est gâtée, on n’en montré
ordinairement aux curieux qu’un échantillon.
Je ne doute nullement que cet auteur,
en la voyant ainsi, n’ait jugé du tout
par la partie qu’on lui en a montrée.
Pour moi, j ’ai, à mon retour d’Afrique ,
examiné plusieurs fois ce beau squelette,
ainsi que les débris d’une peau, j ’ose donc
avancer qu’elle est composée de différentes
parties, dont la plupart sont même tellement
dégradées que si on entreprenoit de
rhabiller l ’animal en entier, on n’y par*
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viendroit pas. Si Vosmaer, directeur du cabinet
, a écrit sur la giraffe, certes, ce n’est
point d’après les cônnoissances qu’a pu lui
procurer cette dépouillé informe, mais d’après
ses lectures ou des conversations particulières
avec des gens instruits. La preuve
de mon assertion est dans la première gravure
qu’il a donnée de ce quadrupède, et
qu’il "rectifia ensuite d’après ce que je lui
ai dit à mon retour, et d’après mes dessins
qu’il a Vus.
La giraffe rumine ; ainsi qu’en générai
toutes les bêtes à cornes et à pied bifour-
chu. Elle broute aussi comme elles; mais
rarement, parce que le paturage manque
dans la contrée qu’elle habite. Sa nourriture
ordinaire est la feuille d’une sorte de
mimosa, nommée par les naturels du pays
kanaap > et par les colons kameeî-doorn,
L’arbre étant particulier au canton, et ne
croissant que l à , il se pourroit que ce fut la
raison qui l ’y fixe, et qui empêche qu’on
n’en voie dans les régions de l ’Afrique méridionale
où. il ne croît pas ; ce qui n’est
au reste qu’une assertion hasardée, et que
l ’antiquité même semble contrarier.
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