
ferrugineuses, étrangères aux cristaux, et
qui, en noircissant la masse totale, leur
donnoient à elles-mêmes la couleur qu’elle
avoit.
Les arbres et les arbustes contenoiént,
comme je la i d it, une quantité immense
d oiseaux d’espèces nouvelles. Il y en avoit
sur-tout beaucoup de petits, sur une bruyère
a fleurs jaunes campanulées, et sur une
sorte de jasmin, semblable, pour ses feuilles
et ses fleurs, au jasmin d’Espagne, mais
presque inodore.
Chaque espèce avoit son arbre de prédilection,
qu’elle ne quittoitpas. Par exemple
, il y avoit un buisson épineux sur
lequel' je voyois des centaines de petits
perroquets, et je ne les voyois que là ;
parce que sans doute ils étoient attirés
par les fruits et les noyaux du buisson.
Cet oiseau, plus gros que celui qu’on appelle
improprement moineau du Brésil ,
a le bec d’un jaune saffrané tirant sur le,
rouge ; le cou par devant est couleur de
rose ; le iront est; plus foncé ; la queue,
tres-courte, est verte, nuancée de rose et
de noir ; le croupion est bleu et le reste
du corps verd. C’est une espèce nouvelle.
En très-peu de tems , aidé de monKlaas ,
qui, pour les chasses concernant ma collection,
étoit devenu très-intelligent et très-
adroit , j ’eus toutes les espèces d’oiseaux
que je pouvois désirer.. Mais ceux à qui
nous déclarâmes particulièrement la guerre
furent les perroquets que je viens de décrire
; parce qu’étant bons à manger, ils
servoient à notre cuisine. Toujours en très-
grand nombre sur un même buisson , il
m’étoit aisé d’en abattre plusieurs d’un coup;
mais il étoit difficile de les retirer de l ’intérieur
du buisson ; car les épines me déchirement
et ensanglantoient les mains ; et
cet inconvénient inévitable étoit même si
douloureux, que souvent il me rebutoit.
L ’arbuste dont je parle, a ses épines alternes
à chaque oeil : l’une, supérieure,
droite-aiguë et longue ; l’autre, inférieure,
également dangereuse , et courbée comme
la griffe d’un oiseau de proie. Les Nama-
quois nomment cette plante caroop. Je l ’ai
nommé la traîtresse ; parce qu’en avançant
la main dans le buisson , l’épine droite