
quoique je fusse convaincu que sa libéra*
lité n’étoit pas aussi désintéressée qu’il le
prétendoit. Aussi ne refusa-t-il rien de ce
que je lui donnai en retour.
A quelque distance de la horde, je trouvai
un dépôt d’eau salée, dans lequel la
chaleur avoit. cristallisé plusieurs blocs de
sel. Je les recueillis avec soin : c’étoit une
provision que la nature ajoutoit à la
mienne.
Là, je me vis placé entre deux directions
différentes, et embarrassé du choix. Droit
à l ’ouest, c’étoit une plaine aride, couverte
de mimosas et d’ebeniers, et qui-, a une distance
de cinq ou six lieues, se terminpit
par une chaîne de montagnes. V e r s i’est, se
présentoit une plaine, plus découverte, il
est vrai; mais au loin j ’appercevois de
grands arbres qui paroissoient border une
rivière. Les naturels m’assuroient que c’étoit
celle des lions que je retrouverois encore.
La nécessité d’une aiguade pour mes gens
et 'pour mes animaux me fit tourner de ce
côté ; mais je fus trompé dans mon attente.
La rivière n’avoit pas d’eau, et il fallut pasr
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ser une nuit à sec. Pour comble de chagrin,
le lieu étoit rempli de pintades , oiseaux de
mauvais augure, dont la presence annonce
toujours un pays misérable. Leurs cris nous
empecherent de fermer 1 uni. Je donnai au.
campement le nom de Camp despintades.;
et dès le point du jouç'je me bâtai de le
quitter, dans 1 espoir u. en trouver un meilleur.
La fortune, ce jour-là, nous servit bien*
et en e ffe t, nous étant orientes nord-est y
nous trouvâmes, après trois heures de
marche, une source d’eau excellente, à
qui je donnai le nom de Fontaine des tortues
, parce que près de son lit je trouvai
une tortue, telle que jusqu’alors je n’en
avois point encore vue de pareille. Elle
pesoit plus de douze livres, et contenoit
une quantité considérable d’oeufs de toutes
grandeurs, dans le nombre desquels il y
avoit une vingtaine de jaunes , gros comme
ceux des oeufs de poule. Je la fis rôtir sur
le brasier; et sa chair blanche, aussi tendre
que celle du poulet , me donna un souper
excellent.
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