
ratesse qu’on n’avoit pas besoin de savon
son nom pour concevoir de lui l’opinion
qu’il méritoit. C’étoit Matthys Moodel,
l ’ami intime de Bernfry, et l’un de ces fugitifs
proscrits de la Colonie pour leur conduite
, et par les Colons pour la noirceur de
leurs forfaits.
La réunion dé ces deux hommes ne pou-
voit que m’inquiéter beaucoup, et je la re-
gardois comme un mal cent fois pire pour
moi que ne l’eût été le voisinage des lions,
des tigres et de tous les monstres d’Afrique.
Après tout, n’étoit-il pas possible que de
.pareils hommes se fussent ligues ensemble
pour venir m’assassiner et s’emparer de mes
armes et de mes munitions. Un tel projet
étoit digne d’eux; et l ’éloignement des déserts
ou ils vivoient leur en assuroit 1 impunité
.
Quelles eussent donc été mes craintes,
si j ’avois su alors, comme je l ’ai appris depuis,
que tel étoit en effet leur métier, et
que tous deux étoient lies avec les Boschj esman;
qu’ils leur donnoient des renseigne-
mens pour venir piller les Namaquois, &
partageoient ensuite le butin ayec eux*
Swanepael, il est vrai, m’avoit averti que
pendant mon absencequelques Bosch j esman
étoient venus au camp, • sous prétexte de
lui demander du tabac. Cette sorte d’es-
pionage eût dû suffire seul pour m’ouvrir
les yeux; Mais quoique les deux coquins
me parussent capables de tpus les crimes ,
soit distraction, soit confiance dans ma
petite armée, il ne me vint point à l ’esprit
de les soupçonner de celui-ci. Bt quant ,à
la visite des Boschj esman , elle ne me parut
pas allarmante , parce que c q s voleurs n ’attaquent
jamais qu’à coup sar^ et qu’ils, ne
craignent rien tant au. monde que les armes
à feu*.|
Outre Moodel, j ’avois trouvé, àmon arrivée
, beaucoup cf’autres vjsages inconnus,
Ç’étoient des femmes que: mes ^Hotteptofs.
avoient appellées près d’eux et qu’il me fal-
loit nourrir, pour le plaisir de ces messieurs.
Chacun aYoit la sienne, ou plutôt
il y en avojt de quoi suffire à leur rechange;
et plusieurs même, à l ’exemple de Bernfry,
s’en étoient. approprié jusqu’à trois. Ce
désordre en avoit produit nécessairement
d’autres.. Ce service, ne se faisoit plus qu’a-
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