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ëinployoit, pôur fuir et regagner son trou J
cette prudence adroite qu’on lui attribue 3
tandis que l’oiseau, devinant son intention,
l ’arrêjEoit tout à coup, et par un saut, se
jettant au-devant de lu i, coupoit sa marche.
De quelque côté que le reptile essayât
de s’échapper, il retrouvoit toujours
son ennemi. Alors, unissant à la fois la
ruse aü courage, il se dressoit fièrement
pour l ’intimider; et avec un sifflement affreux
lui présentait, une gueulle ména-r
çante, des yeux enflammés et une tète gonflée
de rage et de venin.
Quelquefois cette résistance offensive
suspeïidoit pour un instant les hostilités ;
mais bientôt l ’oiseau revenoit à la charge ;
et se couvrant le corps avec une de ses
ailes C Q in in e avec un bouclier , de l ’autre
il frappoit son ennemi avec ces protubérances
osseuses dont j ’ai parlé, et qui, comme
de petites massues,- î ’accabloient d’aur
tant plus sûrement, que lui-même il se présentait
aux coups. Effectivement, je le vis
chanceler et tomber étendu; et alors le
vainqueur se jettâ sur lui pour l ’achever;
et d’un coup de bec il lui-ouvrit le crâne.
e n A f r i q u e . 3 7 7
Dans ce moment, n’ayant plus d’observations
à faire, je le tuai. Je trouvai dans
son jabot (car il en a u n , ce que personne
n’a dit), en le disséquant, onze lésards assez
grands, trois serpens de la longueur
du bras, onze petites tortues bien entières,
dont plusieurs avoîent deux pouces de diamètre
environ, enfin une quantité de sauterelles
et d’insectes, dont la plupart étaient
assez entiers pour mériter d’être recueillis
et de faire suite avec les miens. Les
lésards, les serpens et les tortues avoieni
tous reçus le coup de bec sur la tête.
J’observerai de plus, qu’indépendamr
ment de cette masse d’alimens, la poche
de l ’animal contenoit encore une espèce
de pelotte , grosse comme un oeuf d’oie ,
et formée des vertèbres des serpens et des
lésards qu’il avoit dévorés auparavant, d’é-
cailles de~petites tortues, et A’ailes, dé pattes
et de corselets de différens scarabées.
Sans doute, quand cette masse indigeste
est devenue trop considérable, le secrétaire,
ainsi que les autres oiseaux de proie, la
vomit et s’en débarrasse. Au reste , il résulte
de la quantité surabondante de nour-
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