
je trouvai différentes sortes d’oiseaux aquatiques
, et spécialement ces canards sauvages
que les colons appellent berg-end ( ca-
.nard de montagne ). Ils nageoient et s'ébattaient
dans de petits bassins des rochers ,
qui conservoient encore de l’eau, et où
peut-etre ils n’avoient jusque-là jamais été
troubles par a,ucun humain. Vis-à-vis d’un
de ces réservoirs , j ’avois trouvé une caverne
dans laquelle je venois passer des
heures entières à épier ceux de ces oiseaux
que je désirois me procurer.
Un jour que j ’y étais caché , je vis arriver
au bassin un elan-gazelle, le hana des
Hottentots. Sa vue me lit. d’autant plus de
plaisir qu i! n’etoit certainement pas seul
dans le canton, et qu’obligé, depuis long-
tems, de nourrir ma troupe aux dépens de
ma bergerie, j ’eusse été fort aise d’alimenter
notre cuisine du produit de notre chasse. Mu
gazelle m eût épargné quelques moutons*;
mais, pour le moment, je n’avois que du
plomb dans mon fusil, et je craignois d’y
couler une balle, de peur que le mouvement
et le bruit ne la fît fuir. Néanmoins,
comme elle n’étoit qu’à dix pas dé distancé
et que j aVois deux coups à tirer , je
me hasardai de les lui lâcher ensemble, et,.
en effet, elle tomba dans l ’eau, où elle
se noya.
Ravi d’une bonne fortune sur laquelle je
n avois pas trop compté , je courus à mon
famp chercher du monde pour enlever ma
proie j et en même tems j ’emmenai avec
moi quelques chasseurs et mes chiens', afin
dè battre les environs et de chercher si
nous ne trouverions point quelques autres
kana ; mais il fallut, pour cette fois, nous
contenter de cette seule pièce.
Un jour que nous descendîmes le lit du
torrent, avec mes chasseurs et mes chiens,
dans l’espoir de trouver quelques pièces
de gibier à tuer ; tout à coup mes chiens
donnèrent; et bientôt nous vîmes devant
ùous une panthère, couchée sur une gazelle
quelle devoroit. Notre présence ne parut
nullement 1 intimider. Elle jettoit sur nous
des regards de fureur et ne quittait point sa
proie. Nous étions sept tireurs, et ne courrions
pas grand risque en l’attaquant. Lorsque
nous fûmes à cinquante pas, elle se
souleva en tournant la tête , et. sembloit