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arrive de recevoir des visites semblables à
celles d un Pinard , on ne doit guère être
surpris des précautions que je prenois pour
m en faire bien v en ir , ne voulant jamais
m’en faire redouter*
A notre départ, nous repassâmes à la
Fontaine iiu sécretaive j et delà, tirant au
nord-est, noué arrivâmes , après1 quatre
heures - et demie ' dë marché p dans une
■plaine dessechee qu’habitbit la 'borde que
je cherchois. Le kraal étoit coinposé d’une
vingtaine d’hommes, qui v inrertt’ati-dévaùt
de moi pour me recevoir j tout y annonçait
la plus profonde*misère. 1
Cependant, je fus frappé d’une sorte de
distinction que j ’apperçus sur une des buttes.
Elle étoit■ couverte, en entier, d’une
pëân de giraffe. M o i, qui ne connoissois
ce quadrupède, lé plus haut de tous ceux
du globe, que d’après les descriptions et
lés dessins fautifs que j ’én avais vus , je n ’a-
vois garde de reconn.oîtrè ici sa robe j et
cependant c’en étoit une. Enfin, j ’étals
dans le pays qu’i f habite * 'j’allois en voir
de vivans , et je toucliois au, moment, d’être
dédommagé ,
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dédommagé, au, moins en partie , des malheurs
et des-chagrins de mon voyage.
Les deux moutons que je conduisois avec
moi , se refusoient à nous suivre , et l ’on
avoit eu beaucoup de peine à les faire arriver
jusqu’au kraal. Pour éviter què cet
embarras ne se renouvellât davantage, j ’ordonnai
de les tuer, et je les distribuai
dans la horde avec quelques pièces d’hippopotames.
' Cette largesse devenoit pour
elle d’autant plus intéressante, qu’elle n’a-
voit absolument, pour toute nourriture ,
que le lait de quelques vaches. En la quittant,
j ’eus le bonheur d’ajouter encore
quelques provisions à celle-ci j c-’étoient
cinq gazelles spring-bock, que je tuai sur
une colline, à mille pas du kraal, et que j’y
envoyai aussi-tôt.
Je n’ai point été témoin de la joie que
dut y produire ce nouveau présent y mais
s’il m’est permis d’en juger par celle qu’y
Qccasionna le premier;, et par les remercî-
mens sans - fin', que me firent - ceux de la
hordé qui m’accèrnpagnoient ' et me ser-
voient de guidés, inon passage, chez ces
malheureux humains sera une époque
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