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veil ne les ayant plus retrouvés, il avoit
craint d’être puni, et étoit allé se cacher.
Le seul parti à prendre dans cette circonstance,
étoit d’aller à la recherche; et
c’est ce que je iis avec tout mon monde.
‘ Bernfry âvoit son cheval égaré comme les
deux miens. Àu lieu de suivre mon exemple
, cet homme violent, qui jusqu alors
s’étoit montré assez bien, parce que son naturel
colérique n’avoit pas eu occasion d e-
clater, s’emporta tout-à-coixp en imprécations
contre le gardien imprudent; et avec
des sermens horribles, il jura de l’assommer
, s’il, le rencontroit.
Effectivement, à force de le chercher ,>
il le trouva; et sans pitié pour son âge, sans
compassion pour les regrets qu’il témoi-
gnoit, d'une faute bien pardonnable, il le
renversa sous .ses pieds, et Se mit a le frap-,
per avec fureur. Cet emportement coupable
étoit d’autant plus répréhensible , qu’en
ce moment on venoit de retrouver les chevaux
et qu’oii; les rarnenoit.
Par bonheur pour le malheureux , je
ïi’étois pas loin de lui. A ses cris j ’accourus,
et le trouvai baigné dans son sang. Ce spectacle
, je l’avoue , me mit hors de moi-même.
Saisi de colère, autant que d’indignation
, j ’arrachai le bourreau de dessus sa
victime; et le poussant de toutes mes forces
loin du vieillard, je le menaçai de ma
vengeance, s’il osoit seulement approche?"
de lui. Apprenez, ajoutai-je, que tous
« c e u x qui composent mon camp, étant a
« ma solde et à mon service, vous n’avez
« aucun droit sur, eux ; et que c’est m’in-
« sultcr moi-même que de les frapper. »
Ce discours acheva, d’irriter sa fureur..
Il écumoit de rage ; et me demandant avec
arrogance, si j ’étois venu dans le pays pour
soutenir les Sauvages contre les Blancs, il
menaça de me quitter.; je le pris an mot,
et L’en priai raêuie d’un top. à lui faire comprendre
que je l’exige pis ; et comme il y
avoit dans mon camp quelques hommes et
quelques femmes dp sa horde qui l’avoi.ent
suivi, je donnai ordre à ces gens-là cte s’e-
loianer à l ’instant même. Us allèrent le re- Ç > " » * ' . .. V . . . , V . .. .
joindre, pendant que j ’emmenai le vieillard
dans ma tente ppur y panser ses plaies et
lui donner des soins. Je vis le brutal se
retirer avec son monde à quatre on cinq