
certains détails qui pouvoient l ’intéresserr
Il y parut sensible, et déjà même la joie
s’épanouissoit sur son visage 3 mais sa femme
, craignant apparemment, ou qu’il ne
parlât d’e lle , ou qu’il eût trop de plaisir,
l ’interrompit brusquement et,le fit ta ire ,
pour me parler de la France. Madame se
prétepdoit.Françoise d’origine. Sa mère,
disoit-elle , étoit Provençale 3 elle même ,
quoique née Africaine , avoit été élevée à
la languedocienne j et pour me le prouver ,
elle me prononça quelques phrases d’un
baragouin inintelligible, qu’elle prétendoit
être du françois. Probablement elle n’en-
tendoit pas plus que moi ce jargbn bisarre ;
mais elle affectoit de s’en servir de tems, en
tems, et persuadée que le témoignage le
plus convaincant de son origine étoit l ’accent
du pays, elle en mettoit tant à son
prétendu patois, elle faisoit de tels efforts
et de contorsions de bouche si ridicules
, que j ’avois toutes les peines du mon-*
de à m’empêcher de rire. Les deux fils et
leur grande soeur écoutoient ces merveilles,
bouche béante, les yeux stupidement attachés
sur leur mère 3 et plus ses mots devenoient
inintelligibles, plus leur admiration
pour elle sembloit s’accroître.
^ Pour partager et pour augmenter les plaisirs
d’une journée aussi amusante, la dame
¿voit envoyé chercher un sien frère, nommé
Ëngelbrecht, lequel demeuroit à quel-,
ques lieues de là. Engélbrecht ne vint point
le même jour 3 mais la joie des assistans n’en
fut point troublee pour cela. Pinard avoit
fait apporter de. l’eau-de-vie en quantité.
Toute intéressante qu*étoit la conversation,
ôn l’interrompit pour boire 3 et comme ,
faute de gobelets , on fut obligé de se servir
d ecuelles, eu peu de tems toute la
maison, sans excepter, la mère et ses deux
filles, fut complettèment ivre. Pour moi,
que ce dénouement laissent libre , j’en profitai
pour me retirer , et j e vins passer la
nuit dans mon camp.,
Ëngelbrecht arriva dès le matin chez sa
soeur . Il amenoit avec lui sa famille qui étoit
plus nombreuse que l ’autre 3 et cette arrivée
âvoaf été celebree par quelques rasades
d’eàu-de-vie. Après ce préliminaire, quel-
qu un proposa de venir me visiter dans ma
tente, et bientôt je vis arriver toute la s<e-
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