
Les pintades continuèrent de nous assourdir
par leur bruyant caquetage ; mais
nous avions en môme teins plusieurs espèces
de jolis oiseaux; celui que Buffon a
décrit sous le nom de grenadin de la côte
d’Afrique, et spécialement ces cbarmans
guêpiers dont j’ai parle ailleurs.
De leur côté , mes chasseurs m’apportèrent
un animal fort curieux, et que je n a
vois pu encore me procurer : c’étoit la gran-
' de gerboise du Cap. Elle est forte comme
nos plus grands lièvres ; elle a le poil roux
et foncé,"la queue fort longue , et terminée
, connue celle de l’hermine, par un
bouquet de poils noirs. On le nomme dans
les colonies spritig-haas ( lièvre-sauteur ) ;
parce que ses jambes de derrière étant dxs-
proportionnérneiit beaucoup plus longues
que celles de devant, elles lux permettent
de faire des élans et des sauts prodigieux.
Sa chair est un excellent manger. Ce sin-
oulier quadrupède, quoiqu’abondant dans
certains cantons de l ’Afrique, est cependant
très-difficile à trouver, parce qu’i l ‘se retire
pendant le jour dans des terriers profonds
qu’il le creuse lux-même, et n’en sort qu’au
soleil couchant pour aller brouter l ’herbe
qui est sa principale nourriture.
BernFry, de son côté, eut le bonheur
de tuer une giraffe maie. Elle avoit quinze
pieds un pouce de hauteur, et j ’eusse bien
désiré avoir sa dépouille comme celle de
la première. Mais, loin de mon camp , où
je ne comptois pas revenir, au moins dè
sitôt, et manquant absolument de toutes
les commodités nécessaires, qu’en pou vois-
je faire ? Ce fut alors que je sentis combien
je devois m’applaudir d’avoir la mienne
en sûreté .dans mon camp de l ’orange. Celle
ci étant aprêtée et salée, servit de nourriture
à ma caravane pendant quelques
jours.
Le lendemain je me dirigeai au nord-
quart-nord-ouest, pour gagner un torrent
nommé/le Draav ( R i v ière-Torleuse ). Son
fit, au lieu où nous.le joignîmes, étoit peu
profond, et-nous 11e l’ap perçûmes. qu’au
moment d’y descendre. En cet instant, un
troupeau de buffles y étoit couché, Nous
nous trouvâmes en présence; mais, à notre;
Vue, se levant tous ensemble, ils s’enfui-
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