
V o y a g e
voulois lui rendre la liberté ; mais les Hot-
tentots du colon chez qui nous nous trouvions
, nous supplièrent de la leur abandonner
, afin de se régaler de sa chair qu’il§
trouvent ' très-délicate ; et en conséquence
elle fut tuée et dépécée à l ’instant même.
Peut-être parmi les personnes qui liront
ce fa it, y en aura-t-il qui prétendront qu’il
ne prouve rien ; et qu’un animal, fatigué
d’une longue course, affoibli par-des blessures,
surchargé d’un, poids nouveau pour
lui , devoit devenir traitable et plus docile.
Ce raisonnement, il est vrai, peut s'appliquer
à l ’homme ; il a même lieu pour lçs
animaux domestiques, qui nés patiens, ou
devenus tels par l ’éducation, se soumettent
sans résistance au joug qu’on leur impose,
et souffrent même assez tranquillement
les coups et les blessures, ainsi que
les remèdes destinés à les guérir. Mais il
n’en est point ainsi des animaux sauvages et
des bêtes féroces. Toute contrainte est insupportable
à ceux-ci ; la souffrance les irrite;
des douleurs aiguesles rendent furieux;
et leur rage forcenée s’exalte même à un
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tel point que si dans leur captivité ils ne
peuvent point se venger sur leur ennemi,
ils se détruisent eux-mêmes.
Il paroît que dans le nombre des animaux
qui sont épars sur la surface du globe , il
eii est un certain nombre que la nature a
destinés au service de l’homme : au moins
le caractère qu’elle leur a donné paroît-il
ou plus docile, ou plus aisé à dompter;
et c’est cette différence particulière qui les
distingue de ceux qu’un naturel féroce rend
dangereux ou nuisibles. La propriété dont
je parle indique véritablement-la supériorité
de l’homme ; et sans aller en rechercher la
cause dans des miracles et des rêves mystiques
, il suffit de l ’expérience à cet égard ,
pour exciter toute notre admiration.
L ’homme, dans les différentes contrées
du globe, a su dompter , apprivoiser , façonner
à son service, accoutumer à sa domesticité,,
plier à ses usages, plusieurs espèces
d’animaux divers. Mais je suis persuadé
qu’il en est beaucoup d’autres encore
qu’il pourroit se rendre propres ; et
dans ce nombre je mets le zèbre et le coua