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D’après ce que j ’ai dit du caractère flegmatique
du Namaquois, on se doute bien
que ce peuple n’est nullement guerrier. Cependant
il a , ainsi que les nations qui l'entourent
, un sagaie e t des flèches empoisonnées
; e t, comme elles , il sait très-bien
manier ces armes.. XI possède des .boeufs de
guerre , si redoutables dans les combats et
si favorables à la lâcheté ou à l ’inaction
du combattant. Il s’est, même fait une arm
e particulière que n’ont point ses voisins >
c ’est un grand bouclier de sa hauteur, et
derrière lequel il peut se cacher tout entier.
Mais , outre que son apathie naturelle
l'empêche d’offenser et de se croire offensé ,
il; est réellement, par la froideur dé son
caractère, pusillanime et poltron. Pour le
faire trembler, il suffit de prononcer devant
lui le seul nom à?Houzouana. Ce nom
est celui d’un peuple voisin, né brave et
guerrier, et distingué des autres nations
africaines, par des traits particuliers. J’aurai
lieu d’en parler bientôt.
Malgré sa froideur ,, le Namaquois n’est
pourtant pas insensible aux plaisirs .'Il cherche
même avec quelque empressement ceux
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q u i, sans lui donner beaucoup de peine ,
peuvent le secouer et lui procurer des sensations
agréables. Tiftis les soirs* dès qu’on
avoit allumé le feu de mon cam^, je voyois
arriver trente ou quarante personnes, hommes
et femmêss, qui se mêlant avec mes
gens s’asseyoient en cercle autour du feu.
L à , pendant quelque teins , on gardoit un
profond silence : enfin, quelqu’un prenôit
la parole; il racontoit une histoire, et
parloit pendant des heures entières.
Je ne savois pas assez bien la langue
pour suivre en entier ce récit; cependant
je voyois qu’il S’agissoit ordinairement d’un
événement à l ’honneur de la nation, et
que le héros malheureux de l’aventure
étoit presque toujours une hienne, un
lion, ou même un Houzouana. De tems en
tems l ’orateur étoit interrompu par les
éclats immodérés des femmes, qui rioient
à gorge déployée. Les hommes, sans participer
en rien à cette gâtieté folle , rai-
sonnoient gravement et avec l ’apparence
de la profondeur sur les détails qu’ils ve-
noient d’entendre. Pour moi, au milieu
de ces tableaux disparates et grotesques ,
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