
qu’il exige. Je dis inutiles , car est-ce conserver
une plante que d’estropier toutes ses
formes, en l ’écrasant et l ’applâtissant ern-
tre deux feuilles de papier ? est-ce posséder
une fleur que de la cueillir pourpre en Afrique
, et de l ’apporter en Europe couleur de
tabac ou de pelüre d’oignon ?; enfin, est-ce
connoître leur nature que de l’étudier sur
des feuilles mortes et décolorées ?
Depuis que la coquetterie des modes a
tant multiplié ces fleurs artificielles qui sont
entrées dans la parure des femmes, l’art
du fleuriste s’est appliqué à travailler aussi
pour l ’honneur et les. progrès de la botanique
j et, l ’on trouve, en ce ge,nre , des
choses étonnantes , , chez le citoyen Ven-
z e l , l ’artiste de Paris le plus renommé pour
ce talent.. C’est dans une maison de Paris
que j ’ai vu , pour la première fois, ces
plantes articielles où les fleurs, avec leurs
fruits, leurs tiges, leurs feuilles et leurs
racines même , étoient exécutées avec une
vérité étonnante et dans leur grandeur naturelle.
Pour en imposer encore davantage
à l’oeil, la plupart de ces plantes étoient
placées dans des pots , remplis de sable ou
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de terre sèche. Jamais l’art n’imita mieux
la nature. Ce n’est ni le mensonge grossier
de la gravure ni l ’aspect mort de l ’herbier.
Ici tout est vivant y la plante semble végéter
y et d’un coup-d’oeil vous saisissez son
ensemble et ses détails,. Aussi ai-je vu à
Paris des plantes d’Afrique, que je n’avois
pas pu reconnoître dans des herbiers, et
qu’à, l ’instant même j ’ai reconnu dans cette
collection. C’est aux botanistes à prononcer
sur cette méthode pour l’avancement
de leur vaste science. Sans doute , il n’est
pas possible, quelque grand que soit .un
cabinet , d’y présenter en relief toutes les
plantes connues. Mais'ne pourroit-on pas
au moins y avoir les genres ? et parmi les
espèces, joindre aux genres celles qui se-
rôient les plus curieuses et les plus instructives
? ,
Le i l septembre, je me remis en route ,
dans l ’espoir que Pinard auroit sur moi assez
d’avance pour que je n’eusse plus le
malheur dé le rencontrer. Déjà les chaleurs
commençoient à se faire sentir y le ciel étoit
chargé de nuages y le tonnerre s’étoit fait
entendre plusieurs fois avec un grand fra-
L a