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ordinaire par une grève de deux cents pas
qu’en ce moment ii laissoit à découvert t
il devoit avoir baissé considérablement,
par l’effet de la sécheresse. Aussi voyoit-on
s’élever au- dessus de ses eaux beaucoup de
rochçs , qui sans doute se trou voient couvertes
lorsqu’il étoit dans son plein.
„ Ses bords, dans une grande largeur,
étoient garnis d’arbres de différentes espèces,,
et en telle quantité qu’ils y formoient
une sorte de forêt. .C’étoient des mimosas ,
des ébéniers, nommés par les indigènes
s abris, des abrico tiers sauvages dont les
fruits éaaloient en bonté nos abricots d’Eu-
Tope, diverses sortes d’arbres j e t , en arbustes,,
une espèce de saule, remarquable
par un lruit en grappe et que nous nommâmes
raisins sauvages* ,Tout cela étoit
peuplé par une infinité d’oiseaux dont les
chants ne m’étoient point encore connus.
J’étoïs ravi de joie en contemplant ces
différons"objets. Je m’applaudissois de m’être
déterminé à cette route, en rejettant
l ’idée d’en chercher une par l ’est j et déjà
je me berçois de l ’espoir d’enrichir tout à
coup, Çt considérablement, toutes mes çob
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lêctions. Cependant je cherchois, pour
l ’emplacement de mon camp, un lieu qui
eût des pâturages frais ; et pat-tout je n’ap-
percevois au loin que des herbages brûlés.
Klaas, que j ’envoyai à la découverte , revint
m’annoncer qu’il n’en avoit point trouvé
d’autres. Schoenmaker lui - meme et
Klaas Baster, quand ils furent arrives * s e-
tonnèrent de l’état où étoit ce rivage qu ils
m’avoient représenté sous des couleurs si
avantageuses, et ils en attribuèrent le changement
à la sécheresse qui avoit régné pendant
la saison pluvieuse 5 sécheresse telle
que de mémoirè d’homme on n’en connois-
soit point une pareille.
Il s’ensuivoit de ces observations que
j ’avois fort mal pris mon tems pour voyager
3 mais les regrets ne me fournissoient
pas un remède à ma situation , et il m en
falloit un. Dans l ’état de fatigue et de foi-
blesse où étoient nos animaux J je në pou-
vois guère songer à leur faire traverser la
rivière : ils y auroient tous péri 3 et d’ailleurs
la rive opposée ne paroissoit pas offrir
plus de fourage que celle où nous nôus
trouvions. Ma seule et derniere ressource
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