
fin j et le lendemain , à la pointe du jour ,
nous partîmes tous trois, suivis de quelques
uns de mes Hottentots. .
Nous avions à l ’est la chaîne du Camis.
Arrivés au pied des premières montagnes,
nous ne trouvâmes que des sentiers étroits
et tortueux, par lesquels il nous fallut grav
ir , sans pouvoir nous servir que rarement
de nos chevaux. Après une marche très-
fatigante, ces routes escarpées nous conduisirent
a une gorge profonde dans la quelle
couloit une rivière que mon guide
me dit* etre la Hivière-Verte, et qui prend
sa source dans ces montagnes. Quelqu’ins-
truit que me parut le jeune homme dans la
connoissance locale du pays, son assertion
me sèmbloit d autant plus invraisemblable
qu’ayant côtoyé pendant long-tems le lit de
la lliviere-Verte, je n’y a vois pas vu une
goutte d’eau courante, et que celle-ci cou-
loit a pleins bords. Cependant il ne se trom-
poit point. Mais cette eau avoit à traverser
des sables et dès; terrains brûlés qui la ta-
rissoient et 1 empêchoient d’arriver jusqu’à
la plaine, quand elle n’étoit pas très-abondante.
> L ’intention de mon guide, en me conduisant
dans la gorge, étoit de m’aboucher
avec un colpn qui dvoit là une habitation ,
c’est-à-dire, une mauvaise cabane dans la -£
quelle il vivoit. J’y achetai six boeufs, qui
dévoient m’être livrés lorsqu’à mon retour
je repasserois par ce lieu. Plus loin et plus
avant dans les montagnes , je trouvai un
gîte semblable, dont le maître me vendit,
aux meraes conditions, trois autres bêtes f-
en m’offrant de passer la nuit, sous son toit.
Le soir approchoit, et le froid étoit déjà
excessif. I l fut meme tel. que je ne pus dor—.
m ir , et que je passai la nuit à grelotter ,
enveloppé dans mon manteau, qui me servait
àia, fois de matelat et de couverture.
Au retour de la lumière, je ne fus plus
étonné de cette froidure si rigoureuse : la
terre étoit couverte d’un pied de neige, r
Né dans la zòne torride où j ’avois passé
ma première jeunesse, je devois être sensible
au froid p et quoique j ’eusse appris à
m’y endurcir pendant mon séjour enFrance,
les trois années que je venois de passer en
Afrique m’avoient rendu ma sensibilité première,
en me faisant vivre dans une tem