
un gobelet d’eau-de-vie. Je le lui fis donner.
Tout ici bas est relatif. Elle se retira, eu
croyant m’avoir dupe j et moi je m’applau-
dissois d'avoir eu d’elle trois boeufs magnifiques
, dont chacun me coûtoit environ
quarante-cinq sous de France.
A peine eut-on connu dans la horde les
trésors qu elle venoit d’acquérir, qu’on s’empressa
de venir négocier avec moi. Avant
le soir, j’eus onze boeufs et un superbe taureau
noir. Ce n’étoit point pour moi que
j ’acquérois ce taureau, mais pour mon digne
ami Slaber. Plusieurs fois il m’avoit prié ,
si j ’allois chez les Namaquois, de lui faire
emplette d’un de ces animaux, renommés
chez les colons pour leur force et leur beauté
. Il est vrai que celui-ci me coûta le prix
de quatre boeufsj mais, eut-on exigé davantage
, je l’eusse donné avec plaisir pour
mon respectable et tendre ami.
J*avois à craindre, que les bêtes qui
étoient le fruit de mes.achats, ne retournassent
au troupeau, et qu’en s’y confondant
avec les autres, elles ne fussent perdues
pour moi. Afin de "parer à cet inconvénient,
et de les reconnoître, je le fis marquer
EN A f r i q u e . 3 6 q
quer à la cuisse avec un fer chaud. D’un
autre côté, il devenoit embarrassant pour
moi de m’en faire suivre dans ma route j
et avant de regagner mon camp de l’Oran-
g e , j’eusse bien voulu les envoyer directe—
ment à^Swanepoel.
A la vérité , le chef de la horde m’offrit
de les y faire conduire par quelques-uns
de ses gens-, de la fidélité desquels il ré •
pondoit. Mais cette proposition pou voit
être un piège et un moyen sûr de reprendre
ce que j ’avois acquis. Néanmoins mes
Caminouquois m’ayant assure què je n’a-
vois rien à craindre, et qu’un iharché conclu
étoit dans toutes les hordes une chose
sacrée, j ’acceptai l ’offre j et après avoir fait
indiquer aux conducteurs le cliëinin qu’ils
de voient tenir, après les avoir pavés d’a vance,
je les fis partir.j et moi-même, dè
mon côté, je repris ma route, marchant
nord-aJL uart-nord-est.
Avant de me quitter, le chef me fit apporter
un mouton gras, qu’avec son ton
froid il me pria d’accepter , en m’assurant
que e'etoit un pur don. Je le reçus, quoique
ce fut pour moi un cadeau fort inutile, et
Tome I I. A a