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Ce début ,ine- parut d’un mauvais augure.
Mes gens ne m’avoient annon ce que du
pl^is-ir dans la chasse ¡aux giraffes. A les
en tendre, ce ne serait qu’un jeu pour moi;
et cependant j ’y voyois dés difficultés très-
considérables • Mais ,• pour le moment, ce
’étoit .point là l’idée la plus fâcheuse qui
qui iu’occupât. fjj
Nptre course fious avoit fort éloignés
les uns des autres ni du camp. Selon mon
estime,-j’en étois au moins à cinq grandes
lieues j et çe qui ¡étoit bien plus inquiétant
encore,.c ’est qifp la'giraiïe, ayant fait,
dans sa fuite, différens détours et circuits,
je ne, ppnvois plus m’orienter pour le rejoindre.'
Il étoit midj. Déjà je commençons
à:sentir les besoins delà faim et de la soif;
et je me ' trouvois seul dans un lieu trèsr
aride, exposé à un-soleil dévorant, et sans
le moindre abri contre la chaleur, ainsi
que sans provisions contre la faim.
En vain aurai-je essayé de me servir de
mon cheval ; haletant et forcé , il étoit
hors d’etat de me servir: Ce seul parti qui
me restoit à prendre, étoit donc, de dé-
meurer en place , et d’attendre que mes
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gens, inquiets sur mon absence, se missent
en quête pour me chercher. Mais, à cette
distance, sans moyens de reconnoissance
et de renseignemens, comment espérer
qu’ils, parvinsent jusqu’à moi? Je tirai
quelques coups de fusil pour me faire entendre
de Bernfry, qui ne pouvoit être
loin de moi, et q u i, peut-être, s’étoitégaré
lui-même.
De tems en tems je voyois passer en
l ’air , au-dessus de moi, quelques gélinot-
tes. Pour tromper l ’ennui, autant que pour
soulager la faim, j ’en tuai quelques-unes.
Puis, avec le bassinet de mon fusil , et aux
dépens d’une de mes manchettes qui me
servit d’amadoue, étant parvenu à allumer
quelques broussailles, je les y fis griller.
Quoique cette occupation m’eût employé
deux heures , elle ne m’empêcha pas de
: faire des réflexions bien amères., Que les
momens sont longs dans de pareiHes cir-
' constances î Enfin cependant, quand je vis
cinq heures à ma montre, et que je me trouvai
réduit à passer là la nuit, exposé aux
attaques des bêtes féroces, j ’employai ce
qui me restoit de jour à ramasser tout ce
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