
gha, qui, par leur légéreté, leur Force, la
beauté de leur robe , deviendr oient pour lui
une conquête aussi précieuse que brillante.
(Comme le zèbre sur lequel j’avois tenté
mon expérience étoit' une fémelle, et qu’il
étoit a présumer qu’un mâle seroit naturellement
plus indocile, je m’étois proposé de
renouveller l’épreuve sur un mâle, s’il rn’ar*
rivoit d’être assez heureux pour m’en procurer
un j mais pendant tout le cours de
mon voyage, j ’en ai cherché vainement
l ’occasion et-n’ai pu la trouver ; et quoique
rien ne 'soit plus aisé à un voyageur
qui parcourt l’Afrique , que de chasser et
de tuer de zèbres, il est très-difficile d’en
attraper de vivans, à moins d’avoir d’excellons
chevaux de course, qui ne soient
point fatigués d’une longue marche ; et
encore faut - il chasser ces animaux dans
quelque plaine* car pour peu qu’il y ait
des montagnes dans le voisinage-, les zèbres
s’y mettent bien vite à l’abri de la vitesse
des chevaux qui ne peuvent gravir aussi lestement
qu’eux. Malgré ce défaut d’un dou-
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ble essai, je'n’en suis pas moins convaincu
qu’il est possible d’apprivoiser et de rendre
domestique le zèbre, \ .
Cet assujettissement, je. l’avoue, exige
des soins, de l’adresse, de la patience,
enfin une éducation suivie et raisonnée.
Cependant 1 institution , quelque parfaite
qu’elle soit, ne. réussit pas également auprès
de toutes les espèces : il en est qui naissent
lourdes et stupides ; et celles - ci joignent
à leur manque d’intelligence une opiniâtreté
résistante et un naturel récalcitrant,
qui s’opposent aux progrès de l’éducation.
Peut-etre meme, si l’on vouloit aller plus
loin, que leg espèces les plus perfectibles
sont celles qui, par leur genre de vie
obligées à des combats , à des ruses, à une
continuité de guerre ou offensive ou défensive
, ont plus d’occasions pour développer
leurs facultés, pour exercer leur instinct,
enfin pour réfléchir; si, en parlant
des bêtes , il est permis d’employer ce mot,
qui pourtant leur appartient aussi bien
qu’a nous. Le lion , qu’on nornme le roi des
animaux, parce qu’on le croit sans doute le
plus méchant, est lui-même un dès plus aisés