
cens pas de nous, et s’y établir pour y passer
la nuit. . - '
Le voisinage d’un pareil homme étoit
une chose allarmantej et je ne vis pas sans
inquiétude son affectation à rester si près
de moi. Tout moyèn est bon à un scélérat,
pourvu qu’il se venge. Celui-ci emportoit
une Corne dë buffle remplie de poudre,
que je lui avois ddnn.ee pour la chasse j et
j avois a craindre qu’il né s’en servît pour
nous nuire. Mes gens, quoiqu’enchantés
d etre debarrassés de lu i , quoiqu’applau-
dissant à ma sévérité qu’ils regardoient
comme un acte de bonté en leur faveur j
craignoient, ainsi que mot, quelque trahison
nocturne de sa part. D’une voix unanime,
ils prirent tous le parti de veiller et
de rester sous les armes jusqu’au jour, et
je veillai comme eux.
On se doute bien que la nuit se passa toute
entière à parler dë Bernfry. Les,uns ra-
contbient les actions de sa vie dont ils
avoientété témoins y les autres celles qu’ils
a voient entendu conter ; et tous ne citoient
que des horreurs abominables. Ces récits
me donnoient beaucoup- à penser-. Je me
reprochois l ’indulgence avec laquelle j’a-
vois excpsé précédemment et atténué ses
torts j et je m’applaudissois de ne l’avoir
plus dans ma société. Outre qu’il me de-
venoit inutile,-puisque j ’allai me trouver
dans des contrées où jamais nul Blanc n’a-
voit pénétré , et où lui-même n’étoit pas
plus connu que moi , son humeur brutale
et emportée, son brigandage et ses vices,
pouvoient me devenir dangereux, en me
suscitant des querelles et me faisant massacrer
avec lui par les naturels du pays.
C’étoit ce danger d’une compagnie étrangère
<jui m’avoit décidé à refuser plusieurs
honnêtes gens du Cap, lorsqu’ils.s’étoiént
offerts à m’accompagner dans mon voyage.
D ’après ce motif, n’eût-ce donc pas été
une imprudence à moi de m’associer un
tel homme, dont je ne devois attendre que
des chagrins j tandis que je ’ renonçois volontairement
à des Sociétés agréables, qui
après tout n’avoient à me faire craindre
que l’incertitude d’un péril.
Il est vrai , que je ne l ’avois pris avec
moi que pourTéloigner de mon camp, parce
que je le croyois moins rédoutable lors