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Je n ’ai point, du reste , la prétention de résoudre
ces questions a rd u e s , ni de je te r un grand jour sur
la science. Mon but n ’est pas non plus de faire un
traité d ’anthropologie, mais seulement d ’exposer en
quelques chapitres, souvent sans aucun lien entre eux,
le résultat des réflexions q u ’ont fait naître en moi la
vue d ’une multitude de p e u p le s , et les études aux
quelles je me suis livré touchant les principales questions
de l’anthropologie. Si je parviens seulement à
relever quelques e rreu rs admises ju sq u ’ici, à signaler
quelque fait ignoré, ou h présenter quelque observation
nouvelle qui puisse fortifier ou infirmer l’uii des
divers systèmes proposés, je croirai avoir beaucoup
fait, et mon but sera dépassé.
La plupart des ouvrages su r l’anthropologie sont
la zoologie de ce voyage. Dans ses instructions relatives à l’hydrographie et
à la navigation, M. de Freycinet s’exprime ainsi :
« Etude de l'homme. — Parler ensuite de l’homme que l’on considé-
« rera comme individu, comme vivant et réuni en corps de nation; dire
« les moeurs, les usages et la législation de ces peuples et entrer, à cet
« égard, dans une investigation minutieuse et philosophique autant que
« faire se pourra. On complétera l’histoire de l’homme par l’examen de
« ses arts, de son industrie mécanique, de sa littérature, de son histoire
« écrite ou traditionnelle, de sa religion et de son langage usuel et poé-
« tique.
« Nous pensons q u e , sous les rapports dont nous venons de donner
« l’esquisse succincte, une étude approfondie sur un petit nombre de loca-
« lités choisies avec intelligence serait infiniment plus profitable à la vaste
« science de l’homme que des notions rares et incomplètes glanées sur
« un beaucoup plus grand nombre de points, quelque agréable d’ailleurs
« et spirituel qu’en puisse être le récit. — C’est ainsi, par exemple,
« qu’une topographie complète de la Nouvelle-Guinée et de ses dépen-
« dances, considérée sous tous ses aspects physiques et moraux, serait un
« travail du plus haut intérêt scientifique. »
(Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, septembre 1837.)
incomplets. En g é n é r a l , les auteurs qui ont écrit sur
cette science ne l’ont fait que dans u n esprit de système
, aussi sont-ils la plupart du temps en contradiction
les uns avec les autres. En donnant dans ces
considérations u n aperçu des principaux systèmes,
avec les arguments à l’appui et les objections qu’ils
font na ître ; en exposant les diverses classifications
qui ont été proposées pour le genre humain , j ’ai l’espoir
d ’ê tre de quelque utilité à mes collègues de la
marine. Appelés à pa rcourir sans cesse les diverses
contrées du globe, c’est à eux qu’il appartient de rassembler
les matériaux et les observations propres à
faire avancer cette science.
Ce travail sera donc divisé en deux parties : la pre mière
traite ra de considérations générales su r 1 a n thropologie,
et la deuxième d’observations sur les
peuples de l’Océanie.