lières dans lesquelles l’esprit étroit et mesquin de
l’homme voudrait les renfermer. Au premier abord,
il semble, au contra ire , qu’il n ’y ait dans ses oeuvres
qu ’irrégularilé et désordre. Si, pa r exemple, nous
venons à je te r u n coup d’oeil su r la surface de notre
p la n è te , nous voyons une immense étendue d ’eau
en couvrir les deux tiers. Le reste, surface solide, est
accumulé en grande partie dans l’hémisphère oriental,
autour du pôle boréal. Au pôle austral, au contraire,
il n ’y a presque r ie n ; le reste des terres est
jeté sans ordre, et, pour ainsi dire, semé çà et là au
milieu de l’immense océan.
Si nous examinons la configuration de ces lambeaux
de terre, ils n ’offriront pas plus de régularité
dans leurs formes que dans leur position sur le
globe; les bords e n sont c reusé s , découpés de mille
manières, offrant dans leurs contours les figures les
plus bizarres et les plus irrégulières. Leur surface est
tout aussi confuse : tantôt hérissée de chaînes de
montagnes, déchirée par des volcans; ici, couverte
d ’épaisses forêts; là, s’étendant en plaines de sable,
divisée et séparée par les innombrables rame aux des
fleuves et des rivières, traversée par des obstacles de
toutes sortes, accidentée de mille manières...
Chaque portion de cette terre , depuis les glaces des
pôles jusqu’à l’éq u a teu r, depuis les grottes qui pén
è tre n t dans les entrailles de la terre , jusqu’au
sommet des plus hautes montagnes ^, possède des
1 Suivant A. de Humboldt, on trouve des poissons dans les Andes jusqu’à
14 et 1,600 toises.
êtres organisés , un monde entier de créatures q u i ,
dans leur petite sphère, vivent, se meuvent, se re p ro duisent,
et trouvent entre les limites que la nature
leur a imposées tout ce qui est nécessaire à leur conservation.
Ces êti es sont innombrables, comme les
conditions des lieux q u ’ils h abitent; leurs diverses
stations sont aussi variées que leurs moeurs et leurs
habitudes. Considérer ces stations sous le simple
point de vue de la distribution de la chaleur à leur
surface, c’est ne voir absolument q u ’une des mille
facettes de l’organisation et de l’histoire des êtres.
Au milieu de cette foule d ’êtres si divers répandus
sur toute la surface du globe, la première par l’organisation
est la classe des mammifè re s ; c’est aussi la
moins nombreuse. Les genres et les esjièces paraissent
en être presque entiè remen t connus : aussi, en
envisageant d ’une manière générale la distribution
géographique des genres qui la c omp o s en t, et dont
le premie r est le genre homme y sommes -nous c ertains
que les découvertes futures d espèces ou de
genres ne viendront rien changer aux conclusions
que l’on peut tire r dès aujourd’hui de l’examen de
leur ensemble^?
Laissant de côté les hautes questions qui se ra t ta chent
à la géographie zoologiqne, je ne la considérerai
ici que dans ses rapports avec l’anlliropologie.
La classe des mammifères se compose d ’environ
1 Les espèces qu’on peut découvrir sont nécessairement limitées à certaines
contrées encore inexplorées, et, par conséquent, restreintes dans
lenr distribution géographique.