et plusieurs peuples du nord vivent de poissOn ;
enfin, certaines peuplades d ’Abyssinie, au dire de
quelques voyageurs, ne se nourrira ient que de sauterelles.
Et c e p e n d an t, on ne voit aucun effet appréciable
sur l’exté rieur et la constitution de l’homme,
être produit pa r ces nourritures si diverses. C’est
que, très - probablement, les principes de toutes les
substances alimentaires sont les mêmes.
L’influence de la nourriture est inappréciable sur
les animaux sauvages ; ses effets sur les animaux domestiques
seront examinés lorsque nous traiterons
spécialement de ces animaux.
Les effets du genre de vie se confondent avec ceux
du climat et de la nourriture .
Ainsi, rh omme habilant des lieux bas et h umides
sera faible et rachitique ; le montagnard, au
contraire , respirant un air vif, présentera une large
poitrine et toutes les apparences d ’une bonne con-
stilulion.
De tout ce qui précède, il ressort que ces influences,
qu’on avait supposées si puissantes su r l’homme
et les animaux, sont loin d ’avoir une aussi grande
importance.
Le climat, la nourriture , le genre de vie ne produisent
que quelques changements extérieurs momentanés;
supprimez la cause, l’effet d i sp a r a ît'. Les
(t 1 L’altération des formes n’est donc pas indéfinie, et ces altérations
même, ces altérations bornées, que les circonstances ont mis tant de temps
à produire, ne sont pas ineffaçables ; supprimez les circonstances qui les
ont amenées, et les caractères primitifs reparaissent. » Flourens, His toire
des travaux de Buffon, p. 97.)
caractères spécifiques n ’éii sont nullement a l té r é s ,
et on ne pourra jamais les méconnaître.
« Avec toute concession raisonnable, dit Pallas S
l’influence du c limat, la n o u r r i tu re , les accidents
multipliés à raison du nombre des individus et des portées,
dans les espècesqui pullulent le plus (trois causes
su r lesquelles M. de Buffon appuie principalement),
ne pourraient jamais, quelque ancienne qu’on suppose
leu r influence, changer le total des formes, les p ro portions
et même la struc ture intérieure à ce point
q u ’on devrait supposer pour le soutien de cette hypothèse.
Nous voyons, dans les animaux domestiques
que l ’homme a transplantés dans les climats les plus
opposés, que la puissance du climat opère tout au plus
sur la qualité du poil et la couleur ; que les pâturages
ne peuvent changer que la taille, la proportion des
cornes, et ajouter quelques dépôts de graisse à la
forme ; mais qu’un petit nombre de générations suffit
souvent pour dé truire, dans un autre sol, ce que
l’animal avait gagné pa r des siècles de culture. »
A côté de l’opinion de Pallas, nous plaçons celle de
Cuvier ; nous ne saurions mieux faire que de citer
ces d eu x grands naturalistes".
« Cuvier voit, d ’une p a rt, les causes qui détermin
e n t les variétés d ’une espèce être tout accidentelles,
la chaleur, la lumière, le climat, la nourriture ,
la domesticité : il voit de l’autre ces causes acciden-
^ Mémoire sur les var iations des an imau x , p. 78.
2 Ce qui suit est extrait de l’excellent ouvrage de M. Flourens^ sur les
travaux de Cuvier, 2' édit., p. 28 9 .