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Quelques espèces d 'u n même genre produisent
entre elles, mais toutes peuvent-elles également p ro duire?
Nous ne le pensons pas ; c ar ces accouplements
monstrueux ne sont que des exceptions dont le nombre
peut augmenter à la vérité, mais dont on ne saurait
faire une règle.
De ce que deux espèces jusqu’ici ne se son! pas accouplées,
malgré les soins et les artifices de l’boimne,
en l i r e r a - t -o n celle conclusion qu’elles ne sont pas
d ’un même genre ? Ainsi M. Flourens, n ’ayant pu parvenir
à faire accoupler le rena rd et le cbien, en infère
que ces deux animaux ne sont pas du même genre.
Cependant plusieurs auteurs, et entre autres Aris-
tote, Buffon, Pallas, citent des faits du contraire. Si
ces faits n ’ont pas tonte faiiîhenlieité désirable, ils
doivent an moins laisser quelque doute.
Nous rappellerons à ce sujet que Ai. Flourens est
parvenu à obtenir une copulation féconde entre le
cbien et le chacal, ce qui avait été inuiüemenl tenté
p a r Pallas et d ’antres expéi'iinenlaleiirs. Qui sait s’il
n ’en sera pas quelque jour ainsi du rena rd ?
<r Si les métis de chien et de chacal sont féconds, dit
Ai.Flourens, je considérerai alors lechacal comme lies-
pèce sauvage, connue le type des races de chiens. »
Aiais, ainsi que nous l’avons vu, mie semblable
conclusion aurait pu être tirée du loup qui produit
avec le chien des métis féconds. Sont-ils pour cela
de la même espèce? Le contra ire est démontré par
une foule d’autres caractères différentiels. Jamais le
loup n ’a pu ê tre même apprivoisé. Le chien, au
contraire, redevenu sauvage, retourne facilement à la
domesticité, même après plusieurs générations.
F n nous résumant, noos dirons avec l’auteur que
nous venons de citer : « La fécondité de chaque espèce
prise en soi est éternelle. » Les lois qui président
à sa conservation sont immuables. On est pénétré
de celte vérité quand on considère la vaste étendue
de notre globe et les innombrables séries d ’animaux
répandus à sa surface, chacun occupant le lieu qui
lui a été désigné, y trouvant réunies tontes les conditions
néce.ssaires à son existence, et se pe rp é tu an t
dans ce même lieu sans jamais en franciiir les limites,
avec tous les caractères qu’il a reçus de la na ture et
qui se transmel.lent pu rs et inaltérables de génération
en génération.
Croire que ces lois peuvent changer, q u ’elles p en -
v e n tê tre modifiées par les artifices et les combinaisons
de l’homme, c’est méconnaître la grandeur et
la puissance du Créateur. L’homme n ’a point le pouvoir
de c ré e r ; mais comme l’insecte qui détourne la
sève d’un arbre et la fait s’épanouir su r îe tronc en
verrues et en nodosités, de même i’homme peut
intervertir pa r divers artifices la puissance c ré a tric e ,
la dé to u rn e r de son oeuvre, et alors, de loin en loin, au
milieu de la régularité de la création, on voit appa raître
de singulières exceptions, des phénomènes
étranges.
Mais ces perturbations apparentes apportées chez
quelques espèces ne sont r ie n ; souvent ce sont des
exceptiojis monstrueuses, toujours incomplètes, et